Nami, Nami, Ô Nami.
Cette mission avait été des plus déroutantes.
Elle n’avait pas été fondamentalement compliquée. Tout du long, Tenryu avait joué le crétin. Et ça avait plutôt bien fonctionné.
Pourtant, du début à la fin, il avait ressenti une pression incroyable, comme si la moindre erreur pouvait lui être fatal.
C’était donc cela une mission de rang A.
Il n’y avait pas à tortiller du cul, ce genre de mission, ça déchirait.

La traversée du retour avait été plutôt tranquille.
Une tempête était venue légèrement contre carrer les plans du timonier et du navigateur, mais Tenryu n’avait pas été forcé de s’en mêler pour dépêtrer le bateau du bourbier dans lequel il s’était trouvé.
Les discussions avaient été plutôt succinctes et chacun avait pu expliquer beaucoup plus en détail les informations qu’ils avaient glanées.

Une petite médaille devrait sûrement être attribuée au Yuki qui avait fait preuve d’une patience et d’une tolérance remarquable à l’égard du Daimyo des Vagues.
On pouvait le sentir dans sa voix… Il y avait des coup d’épée qui s’étaient perdus en chemin.
Et le pire c’est que le vieux cons en aurait mérité plus d’un.

Sukuna de son côté avait laissé plus ou moins crever un garde. Une bonne stratégie, cela ferait un con de moins à exterminer si Konoha venait à porter militairement son soutien à la rébellion.
Ama de son côté avait eu plusieurs infos grâce au forgeron, et Tenryu quant à lui avait rencontré une infiltrée.

Le bilan de la mission était sans appel.
La population de Nami avait besoin d’aide. L’heure n’était plus au questionnement d'ingérence, mais à l’action.
Ten’ espérait que cela suffirait à Konoha pour taper un bon coup de pied dans la fourmilière.
Moriko était le deuxième Daimyo que le Kazama rencontrait. Un deuxième aussi pourri que le premier en la personne de Satoyama, Daimyo de Mizu.

C’est à presque croire que c’était le système même des Daimyos qui avait foutu le monde sans dessus dessous.
Jinsei tapait sur la gueule des Shinobi… Mais quand était-il des Daimyos ? C’était en tout cas une question qui suscitait de nombreuses interrogations chez le Kazama.

Une fois de retour à Hi no Kuni, le quatuor se mit en route de Konoha. Cela ne faisait que quelques jours qu’ils étaient partis, mais le retour au pays était agréable.
Au moins ici, ils ne voyaient pas des personnes crevant de faim et tabassés à tous les coins de chemins.
Lorsqu’ils arrivèrent à Konoha, on leur informa qu’ils étaient attendus au Palais du Hokage.
L’heure était donc au bilan.

C’était la troisième fois qu'il mettait les pieds dans ce bureau, il avait hâte de voir de quelle manière allait tourner la suite des événements.

Nous voilà de retour à Konoha.
Après une traversée mouvementée sous la tempête qui avait su me remonter l'estomac dans la gorge sans jamais en recracher le contenu pour autant, nous avions fini par atteindre la côte de Hi.
Le voyage s'était fait calmement, sous les précisions des uns et des autres et même par moment une ambiance assez complice dans laquelle je n'osais pas réellement m'aventurer. Ça faisait bizarre d'être entourée ; de faire une mission à plusieurs avec toute la cohésion et l'organisation que ça impliquait. Ça foutait les jetons autant que c'était grisant.
Le poids sur les épaules que j'avais eu en partant s'était dissipé en constatant que tout s'était plus ou moins bien passé. Yamato avait été un bon garde-fou et notre conversation avait remis les pendules à l'heure. Pour le moment, je ne savais pas vraiment si cette excursion diplomatique avait été bénéfique ou une perte temps dans ma réconciliation avec le monde militaire...
D'habitude j'agissais dans l'ombre, personne ne me remarquait – sauf erreur de parcours mais là ça puait – ni ne me remerciait hormis le Hokage. A Nami, voir les visages déformés par la peur de ces gens innocents et l'espoir que notre venue avait su éveiller ne m'avait pas laissé indifférente. Je n'avais jamais réellement expérimentée la vie de militaire de cette façon. Autrefois, j'étais surtout en escouade pour faire la guerre ou de la protection de territoire sans réel contact avec les locaux, si ce n'était pour les réduire au silence dans certains cas. Être shinobi ça possédait un autre aspect, un autre lien avec ceux qui quémandaient notre aide.
Pour autant, je ne me voyais pas faire ça au quotidien. De temps en temps, peut être, je devais y réfléchir.

Nos pas nous menèrent jusqu'au Palais du Hokage où nous étions attendus. Après une attente brève, nous nous présentions à lui, solennels, avec moi en tête du cortège.
Genkishi nous avisait avec attention, je n'avais pas l'habitude de perdre mon temps aussi j'enchaînais sans attendre.

« Hokage-sama, nous venons vous faire notre rapport. »

Après une courbette de rigueur, tout en me faisant violence pour ne pas me montrer plus protocolaire devant les autres, je repris.

« La situation à Nami est désastreuse. Le Daimyo n'a eu que faire de nos propositions et a rejeté toute aide de la part de la nation du Feu. »

Cela pouvait sembler être un mauvais point mais ça ne l'était pas pour moi.

« Cela dit, ce n'était pas là l'objet de notre mission et cela nous a confirmé au moins une chose : Moriko est un tyran qui n'a que faire de ses sujets et les laisse dépérir sans se soucier de la misère que renvoi l'arrivée dans son Pays. La capitale par contre a absorbé toutes les richesses de cette terre. Rien a voir avec le reste, au delà de ses murs. La garde est bel et bien présente et la Rébellion nous a affirmé qu'elle était bien plus puissante et fournie qu'elle ne le laissait paraître. »

Les rebelles, parlons en.

« Car oui, nous avons effectivement approchés les membres de la Rébellion. Je me suis rapprochée d'un forgeron profitant de son métier pour fournir des lames et des défenses à la cause et Tenryu a rencontré une femme infiltrée parmi la garde qui lui a fourni des informations précieuses sur son fonctionnement. Les rebelles, avec en tête les Awadatsu, semblent en bon nombre mais encore insuffisants par rapport aux forces du Daimyo. Impossible pour l'heure de le renverser. La répréhension est forte, agir maintenant reviendrait au suicide pour eux. »

Ils ne pouvaient qu'attendre... et espérer notre retour.

« Ils sont reconnaissants de l'aide que nous leur proposons mais effrayés tout à la fois. Puisque le Daimyo nous a chassé du pays, impossible d'y retourner en prétextant quoi que ce soit. Notre seul moyen de communication avec eux pourrait être via transmission codée que l'infiltrée du Palais pourrait subtiliser de part son poste au tri du courrier, par exemple. Pour l'heure, ils attendent de nos nouvelles et croyez moi lorsque je vous dis que le temps presse. »

Cette situation était intenable et mon sang bouillonnait à l'idée de les laisser dans cette merde pendant encore des plombes !

Nous fîmes pied enfin sur les terres du pays du Feu. Beaucoup de choses s’étaient passés en si peu de jours, que ce soit la rencontre avec la sombre merde qu’était le dirigeant du pays des Vagues, celle auprès des représentants de la rébellion qui était mise en place, et surtout, mes propres soucis à régler avec une certaine barista slash espion aux heures cachées. Mes sentiments étaient partagés sur l’ensemble de ce séjour, mais il s’agissait du cadet de mes soucis à l’heure actuelle. Pour le moment, deux choses étaient à régler : l’établissement d’un plan d’action pour assister Nami, et comment j’allais présenter le seul échec de la mission.

Les Genin semblaient chamboulés encore de la mission en elle-même, pas tous les jours qu’ils devaient se trouver dans une situation où la mort pouvait arriver à la moindre erreur, la moindre perte de sang-froid. Mais ils avaient réussi à combattre ces appréhensions, et tant mieux, ils seraient confrontés à des situations similaires s’ils comptaient monter en grade, ou pire.
Ama, quant à elle, avait dirigé l’équipe d’une main de maître. Je l’en avais complimenté lors de notre discussion, une nouvelle fois, pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas à la bonne place. Mais bon, elle restait la seule maîtresse à bord pour cette décision, et avait un caractère bien trop trempé pour lui faire comprendre.

C’était avec tous ces paramètres en tête que j’arrivais au bureau du Hokage. Genkishi était toujours aussi impassible à son bureau, comme d’habitude. Je m’amusais à imaginer comment il allait encore utiliser son ton passif agressif pour répondre à mon intervention.
Ama, en tant que chef d’équipe, fût la première à intervenir pour faire le rapport. Elle annonça ainsi l’échec des négociations avec le Daimyô pour avoir un accord entre nos deux pays, sans pour autant détailler le « pourquoi » de l’échec. A la place, la fausse rouquine enchaîna sur le positif, sans doute pour à la fois entrer dans le vif du sujet, et enterrer l’échec. Fort aimable, mais cela n’allait pas m’empêcher d’apporter éclaircissements.
Attendant qu’elle finisse son rapport et émette ses arguments pour que le village mette en place une opération d’intervention au pays, je finis par prendre la parole. Je n’étais pas chef de mission, mais je restais Jônin après tout.

« - Je crains que l’échec des négociations ne soit de ma responsabilité, Hokage-sama. Afin de permettre une meilleure liberté d’action au reste de l’unité, j’ai proposé au Capitaine Amasami de prendre le rôle de chef et de parlementer directement auprès du Daimyô.
Une fois seul à seul avec Tagani Moriko, j’ai voulu lui faire comprendre que les récentes menaces aux frontières de nos pays pouvaient être une bonne raison de nous allier, chose qu’il réfuta, pensant que ses terres ne méritaient pas d’être « souillées » par nos troupes. J’ai alors proposé à défaut d’un accord commercial, pensant que son envie de richesse pouvait jouer dans la négociation, mais ce fut également un échec. Son égo et son nombrilisme semble lui faire croire que seuls les autres ont besoin de lui, et non l’inverse.
C’est au bout de sa réflexion qu’il décida de nous renvoyer du Pays. »

Je passais en détail les petits sobriquets que le Daimyô m’affubla, ainsi que ceux dont j’aurai envie de lui confier. Concluant mon propre rapport, je courbais l’échine avant de reprendre parole.

« - J’assume l’entière responsabilité de cet échec. Le Capitaine Amasami n’a fait qu’accepter ma proposition pour avancer et compléter les autres objectifs de la mission. »

Spoiler:

Dans un premier temps, Tenryu était resté silencieux, du haut de son maigre grade de Genin, ce n’était pas à lui de faire étalage de la mission, de ses réussites et de ses échecs.
Pour cela, Amasami et Yamato, les deux Jônin du groupe remplissaient très bien leurs rôles.
Le Yuki s'accablait de l’échec des négociations, pourtant, que ce dernier se rassure. Natsu avait été très claire à ce sujet. À aucun moment, à aucune heure de la journée, il aurait pu obtenir une faveur positive de la part du Daimyo. C’était comme ça avec des personnes de la pire espèce.

Que le grand blond se relève donc de cet échec, l’essentiel de la mission était ailleurs.
D’ailleurs, aussi surprenant que ça pouvait l’être Sukunabikona et Tenryu était invité par l’Hokage en personne à livrer leur appréciation suite à ce court passage au Pays des Vagues.
Sans attendre, ce fut le médecin qui se précipita pour répondre.
Une réponse qui fit hausser les sourcils du Kazama, sans rire, ils étaient tout proche de quitter son front pour aller dire bonjour à sa nuque.

Venant de la part d’un type qui avait lutté toute la mission pour éviter de butter des gardes… c’était un sacré pas en arrière qu’il nous présentait là.
En fait, voilà qu’il se mettait même à dresser l’apologie de la non action.
Un tableau désagréable qui donnait envie de vomir au Kazama qui avait, à l’image des Namijin vécu dans des conditions similaires sans jamais recevoir de l’aide.
Dans un endroit un peu plus libre, il aurait volontiers donné un coup derrière la casquette au Kudo pour lui remettre les idées en place, mais pour l’instant, il était dans le bureau du Hokage. Il se devait donc de respecter des règles de bienséances. On l’avait invité à parler, et une fois que son confrère Genin eut terminé, il prit la parole à son tour. Pour donner une version diamétralement opposée à celle du ninja médecin.

- La situation à Nami… À peu de chose près similaire à la situation que j'ai connu à Mizu no Kuni.

Pour lui, Mizu était une échelle lui permettant de mesurer les catastrophe qui lui tombait sur le coin de la gueule. Il ne fallait donc pas y voir une énième comparaison, mais plus un indicateur pour quelqu’un qui avait connu ce genre de situation.

- Satoyama Daimyo de Mizu, Moriko Daimyo de Nami… la place de leurs têtes n’est certainement pas au sommet de leurs bustes. Ma pensée vous, vous y attendez diverge de celle de Kudo-san, Hokage-sama.

Il haussa les épaules, encore sonné par le récital que venait de livrer le médecin.

- La solution serait donc de ne rien faire pour ces gens, car trop risqué ? dit-il en observant un peu plus en détail le regard du Kudo. Pourtant, n'avons nous pas pris ce risque lorsqu'on a décidé de laisser ce garde mourir ?

Il employait le mot “On”, car les shinobis avaient été déplacés en escouade. Et qu'il n'aimait pas pointer du doigt.
Mais les faits étaient là. Suku ne s'était pas donné à fond pour sauver le garde, et un être aussi fourbe que Moriko pourrait trouver la petite bête pour tout faire partir en vrille.

- Le jour où une délégation de Konoha débarque, des émeutes éclatent, un garde claque entre les mains d’un médecin Konoha, qui prélève en cachette une dose de poison. Il n'est pas trop difficile d’imaginer comment le Daimyo réagira et ce qu'il fera si, après coup, il venait à se rendre compte de ces micros détails.

Il réagirait sans doute pas très bien, et n'aurait de cesse que de déformer la réalité à son avantage pour foutre un bordel sans nom dans les affaires de Konoha.

- À l’heure actuelle, on sait que la relation avec Nami sous le joug de Moriko n’ira pas en s’améliorant.
La personne que j’ai rencontré était infiltrée dans les rangs de la garde. Cette dernière n’a pas voulu me révéler le nom de la personne que la rébellion souhaitait pour remplacer Moriko mais pouvons nous vraiment la blâmer pour cela ? C'est peut-être grâce à cette loyauté qu'elle joue aujourd'hui un rôle si capital.

Est-ce qu’un shinobi ici présent aurait donné le nom d’une personne si importante dans un contexte si délicat ? Tenryu lui ne s’y serait pas risqué.
Il marqua une nouvelle pose.

- Pour ma part, je préfère prendre le problème à l’envers. Qu’est-ce que Konoha veut de Nami et comment peut-il l’obtenir ? D’une part nous avons Moriko, et avec lui, aucun avenir en perspective. De l’autre, un groupe révolutionnaire bien présent qui a besoin d’aide, mais qui finira bien un jour par devenir assez fort pour l’emporter sans notre assistance. Lorsque cela arrivera, est-ce qu’ils répondront favorablement à une demande de Konoha qui pourtant au courant de leur situation précaire, a fait le mort pour revenir plus tard la bouche en cœur ?

Les discours sur l’ingérence et la peur des guerres n’avaient que trop durés. Il était peut-être temps de prendre le taureau par les cornes et de le secouer très fort.
Le Genin regarda alors son Hokage avec conviction.

- Hokage-sama, on peut lorsqu’on ignore certaines informations nous montrer hésitant, je le conçois pleinement. Mais lorsque des faits de crimes, d'oppression sont avérés et perpétrés par un Daimyo, l’ingérence ne doit plus être un élément dissuasif qui nous empêche d’agir. Et si quelque part dans le Yuukan, on s’offusque d’une telle intervention. C’est que le système mondial mérite peut-être d’être revisité lui aussi.

Il inclina le buste pour remercier l’ombre du feu pour son écoute.
Sa position à lui était claire. Konoha ne pouvait pas fermer les yeux face aux découvertes que le village avait faites.
La rébellion avait fait preuve de confiance envers la feuille, il n’était pas humain de leur cracher à présent aux visages. Quelle serait l’image renvoyée de la puissante Feuille ? L’image d’un Konoha apeuré face à une petite nation ? Une image de lâche sans humanité ? Tenryu ne voulait définitivement pas appartenir à cette case là.

Yamato semblait prendre bien trop à cœur son « échec » face au Daimyo. Ce n'était, a vrai dire, même pas le sujet de notre mission. Genkishi lui même ne lui en tenait pas rigueur, le seul problème que cela posait c'était la complication que ça ajoutait pour communiquer avec les rebelles sur place puisque nous n'étions plus les bienvenus sur l'archipel.
Le Hokage m'interrogea ensuite sur la composition de la rébellion, pour savoir si des éléments solides se trouvaient dans leur rang.

« Les Awadatsu sont en effet les fondateurs de cette rébellion de ce que j'ai compris. Ils souhaitent se venger et vivent reclus dans l'île, le Daimyo semble penser les avoir pratiquement entièrement exterminés. La répression est forte envers ceux qui osent s'en prendre aux puissants, cela semble difficile pour les Awadatsu de faire savoir qu'ils existent et préparent le renouveau de Nami dans l'ombre. La population semble effrayée et peu enclin a prendre les armes face à une armée bien plus préparée qu'elle n'en a l'air. Je pense, au contraire, que si les opprimés avaient connaissance de notre volonté de leur venir en aide, cela les rassurerait et les aiderait a prendre les armes et se battre à nos côtés pour leur avenir. »

Le Hokage laissa aux genins la possibilité de s'exprimer, ce qu'ils firent non sans me surprendre, surtout de la part du médecin. Son raisonnement se tenait mais tourner le dos à un peuple en détresse et laisser un Daimyo véreux manipuler son pays à sa guise ne ferait pas de Konoha une puissance militaire digne de ce nom. Parce que même sans la côté humanitaire de la chose, Moriko représentait, à terme, un obstacle au développement des autres nations et un potentiel danger dans son instabilité. Il n'y avait pas que le facteur humain a prendre en compte aussi avais-je un avis plus nuancé que les deux genins aux sentiments opposés. J'étais certaine que Genkishi avait pensé à tout ça : c'était déjà un fin stratège du temps de l'armée.

« Vous nous avez envoyé sur cette mission de reconnaissance pour prendre contact avec la rébellion malgré les risques que cela comportait. Je suis certaine que vous savez déjà ce que vous comptez faire. Il était certain que la situation sur place n'était pas des plus plaisantes pourtant vous avez quand même souhaité en savoir davantage, non pas pour savoir si leur venir en aide était viable mais bien pour avoir toutes les informations en main pour définir votre plan d'action.
Secourir le peuple Namijin est une action très louable et salvateur pour la population mais ce n'est pas le seul paramètre a prendre en considération. Laisser Moriko agir de cette façon anarchique aura bientôt des répercussions au delà du pays des Vagues. Nous le savons tous. Le laissez poursuivre représentera bientôt une menace pour nous et pas seulement. S'ils avaient vent de cette situation, les autres Nations seraient sans doute les premières a tenter d'y remédier, surtout avec la menace planante du Jinsei. »

Une menace de plus a gérer dans la crise ce n'était clairement pas à l'ordre du jour et si, ce groupe s'en prenait à Nami sous peu, c'était la population qui trinquerait une fois de plus.

« Supprimer une menace grandissante et obtenir de précieux alliés par delà les mers dans le même temps ne serait que bénéfique à Konoha en pleine expansion. »

Mon ton ne s'était pas montré offensant un seul instant, je ne faisais que soulever des faits. Genkishi savait quoi faire, il cherchait juste a connaître notre vision des choses sur la question.

« Le forgeron nous a cédé a tous une lame signée de son nom. Si cela semble être un cadeau j'y vois bien plus un laisser passer. Un signe de ralliement pour retrouver la rébellion ou affirmer notre position a leur côté le moment venu. Je pense sincèrement que s'il ne nous est pas possible de retourner à Nami, il faudrait que l'un de leur représentant Awadatsu vienne jusqu'à nous. Nous devrions trouvé le moyen de les inviter a le faire. »

Ce serait bien plus simple avec l'un d'eux à nos côtés et, puisque les Daimyo les pensent presque éradiqués et qu'ils se terrent déjà au loin, cela serait plus simple pour eux de quitter l'archipel pour venir nous rencontrer.
Selon moi, la question n'était pas de savoir si nous allions renverser le Daimyo de Nami et aider sa population mais plutôt la façon dont nous allions nous y prendre.

Relevant la tête, je me préparai à n’importe quelle vacherie notre bon Kage me sortirait… Mais étonnamment, ça ne vint jamais. Il alla même à souligner le fait que cette partie de la mission n’était qu’auxiliaire. Même s'il fallait l’avouer, dans le cas où, comme les autres semblaient insister, nous devions faire une action punitive, il aurait été avantageux que le Daimyô accepte notre patte blanche…
En revanche, sa seconde remarque était à prendre en compte. Les forces du Daimyô, hein ? À sa question, je repensais à l’ensemble des gardes qu’on aurait pu rencontrer…

« - Comme l’a dit le Capitaine Amasami, la capitale du Pays et le palais particulièrement ont absorbé les ressources, en incluant les gardes. Au niveau de la grande ville, les gardes étaient entraînés, mais ils ne semblaient pas être une menace pour un Shinobi lambda. Quand le Daimyô m’a « invité à partir », ses protecteurs étaient prêts à se battre. Le Daimyô semblait plutôt confiant sur le fait que ces soldats-ci pouvaient me poser des problèmes. Je n’en mettrais pas ma main à couper, mais je pense effectivement que je n’ai pas vu l’ensemble de ses forces, incluant des Shinobis.
Je pense donc qu’il a de quoi protéger une partie de sa capitale, mais rien de plus. »

La dernière partie sur la présence de Shinobis sous sa coupe n’était hélas que pure spéculation. Mais en me basant sur le fait qu’il était capable d’envoyer chier un Jônin sans la moindre crainte était simple à interpréter : il avait les moyens pour. Ça, et en rappelant également la présence des Awadatsu sur l’île. Bien qu’il a montré son envie de les rayer de la carte, il ne faut pas oublier l’éventualité que certains aient pu le rejoindre pour survivre. Une invasion du pays ne servirait que peu, car il n’a que faire de l’extérieur de la capitale. Si nous devons frapper, ça serait directement au cœur du pays même.

Mais c’est là que le Kage nous invita à lui répondre à une simple question : devions-nous intervenir ou non ? En voilà qu’elle est bonne, qu’est-ce que ça nous concerne. On peut parler de problème moral ou alors de devoir d’intervenir, mais aussi misérable qu’est la vie de Nami, c’est la vie de Nami, pas celle du pays du Feu.
Le médecin semblait d’être d’avis de ne pas attiser le conflit, pensant que nos troupes risqueraient trop de pertes et d’expositions à un danger encore plus grand, comme les autres grands pays. Le Kazama quant à lui fit le parallèle avec Mizu no Kuni, son pays natal. Voir une autre nation sous le joug d’un tyran égoïste ne lui plaisait guère, et si jamais la nation réussissait à se rebeller, notre « non-action » allaient les inviter à nous causer du tort à l’avenir. Vint enfin l’opinion de ma camarade. Ama semblait avoir une tête bien plus calme que les deux Genin. Heureusement d’ailleurs, elle était supposée être à mon niveau après tout. Son argument était de faire une pierre trois coups : Éliminer la potentielle menace que représentait Moriko, nous faire des Awadatsu des alliés, et prendre une position avantageuse pour les futures menaces à l’avenir. Donc un oui pour mener une action sur le Pays des Vagues.
Vint mon tour, où les yeux me tombèrent dessus. Pas mal d’arguments avaient été mis sur la table, et je ne saurais guère quoi ajouter à tout cela, si ce n’est qu’un détail.

« - Vous nous avez envoyé là-bas car vous pensiez que Nami était un poste stratégique importante face aux menaces comme Jinsei, ou bien les nations du nord. Donc, soit nous en prenons possession pour assurer nos arrières, ce qui lancera un message de provocation, qu’on le veuille ou non, au pays de la Foudre et de l’Eau. Soit on prend le risque que Moriko décide de s’allier à eux en voyant l’insistance dont on a fait preuve pour prendre possession des lieux, et c’est eux qui auront un avantage sur nous. »

Mon discours montrait bien mon opinion sur la situation actuelle de Nami : aucun intérêt. Le Pays de Nami n’est qu’une étape pour l’extension et la protection du Pays du Feu. Si cela nous permet de faire une bonne action au passage, tant mieux, mais ce n’était guère important.

« - Si nous ne risquons que peu de pertes de notre part, autant passer à l’action tant que les forces de Nami sont inférieures aux nôtres. Mais pour cela, autant confirmer que nos « alliés » déjà sur place soient aptes à nous porter une quelconque assistance. »

Spoiler:

Genkishi congédia finalement les genins après leur avoir apporté une vision plus globale et nuancée de ce qu'ils avaient tout deux avancé.
Yamato, de son côté, affirmait être prêt a intervenir si le jeu en valait la chandelle et si nous étions certains du soutien de nos alliés sur place. Au fond les Namijins ne demandaient que ça, mais ils étaient simplement mal préparés, avec pour seules armes ce que le forgeron parvenait a leur façonner discrètement. Bien sûr, il y avait les Awadatsu mais comme ils étaient censés être presque éteints, ils n'osaient pas trop s'élever pour le moment sans quoi ils gâcheraient l'effet de surprise.

Désormais plus que trois et – ironiquement – anciens soldats de l'armée de Hi réunis, Genkishi nous demanda des explications sur le comportement changeant du médecin. J'avais bien remarqué son côté lunatique mais puisque je ne le connaissais pas plus que ça, je pensais qu'il s'agissait de son comportement habituel. Apparemment pas.

« Il a dû faire face à un garde du Palais empoisonné après avoir tabassé des rebelles. Je ne connais pas l'étendue de ses facultés en médecine mais je suppose qu'il a fait en sorte d'être incapable de le sauver. Et je pense que les autres gardes l'ont compris aussi. Mais le pourquoi du comment il est désormais prêt a laisser la population Namijin à son sort... Je ne le connais pas suffisamment pour pouvoir le dire. Peut-être que c'était la première fois qu'il était confrontée à la réalité du terrain de cette manière ? Qu'il a compris la puissance des troupes de Moriko et qu'il n'a aucune envie de laisser le Pays du Feu entrer en guerre contre eux... ? Il vaudrait mieux s'assurer de sa volonté d'aider le moment venu. Comme vous le dites, les soignants ne seront pas de trop. »

Le Hokage me demanda ensuite si je serais capable de trouver les Awadatsu s'il me renvoyait à Nami.

« Sans aucun doute. J'ai désormais un contact sur place et en observant la ville et ses recoins je pense même avoir une idée d'où ils se cachent. »

Observer et récolter des informations c'était l'une de mes spécialités après tout.

Genkishi semblait avoir retenu mon idée de faire venir l'un des membres du clan des bulles sur nos terres. J'allais donc probablement être renvoyée à Nami et, avant cela, je devais prendre contact avec l'un des Awadatsu présent à Konoha. J'ignorais que nous en avions un entre nos murs, voilà qui était pratique. L'amener avec moi sur place pour parler à son clan natal serait un plus indéniable dans notre approche et notre mise en confiance mais j'imaginais que cet Awadatsu n'avait pas fuit les siens sans raison...
Yamato était de son côté assigné à domicile. Il devait rester au Pays pour assurer sa protection. D'ailleurs, je serrais la mâchoire en apprenant qu'un convoi avait été attaqué en notre absence. Même si ça paraissait bénin, ça semblait cacher quelque chose de plus gros et j'avais, sciemment, entraîné un Jonin à Nami, privant le village d'un de ses élites. Cela dit, je ne m'en voulais pas non plus. Avoir Yamato sur cette mission en équipe avait su me rassurer et il s'était bien débrouillé face à Moriko, quoi qu'il en dise. La preuve, le tyran avait toujours sa tête à la bonne place.

Puis vint le moment où Genkishi insista une nouvelle fois pour me faire encadrer une équipe, en tant que shinobi. Je l'avais vu venir à dix kilomètres, avant même qu'il ne commence a me parler de l'examen Chûnin. Malgré tout, je le laissais terminer sans le couper, prenant bonne note du « temps » généreux qu'il me laissait à la réflexion alors que c'était tout décidé. Je me mordis même discrètement la joue lorsqu'il appuya sur le fait que voir les genin si impatients de monter en grade pourrait me donner envie de rejoindre les rangs comme eux, et pire encore lorsqu'il parla de leur volonté d'aider la Feuille qui pourrait m'inspirer pour les prendre sous mon aile.
C'était bas. Très bas. Et vil. Je pouvais presque lire la lueur malsaine dans le regard de ce renard pendant qu'il portait sa tasse à ses lèvres.
Yamato relèverait aussi tout ça sans doute, vu que je lui en avais parlé, mais j'espérais sincèrement qu'il n'ouvrirait pas la bouche. Ça ne le concernait pas et ce n'était pas la peine qu'il s'attire les foudres du Kage. Il en avait déjà bien assez fait pour moi.

Droite et solennelle face à cette conversation que nous avions déjà eu plusieurs fois, même si légèrement différente cette fois-ci, je me mis enfin a prendre la parole.

« Je ne sais pas si je suis flattée de voir votre engouement à l'idée que j'intègre vos shinobis ou exaspérée d'entendre ce même refrain. Cependant, je n'ai pas besoin de réfléchir à la question. Je sais déjà pertinemment quelle est ma décision. »

Mon ton restait poli malgré tout, c'était toujours de cette façon que je m'adressais à Genkishi.

« J'accepte de poursuivre les interventions à Nami et d'aider dans leur mise en œuvre. Si je dois avoir la charge d'autres shinobis pour cela alors pas de problèmes, je le ferais. Mais toujours sans y mêler ma vie privée. Je tiens à cette différenciation entre ma vie en tant que civile et celle militaire ou assassin. Je n'ai aucune envie d'exercer ces missions au quotidien et de faire tourner ma vie autour. Voyez moi comme une shinobi à temps partiel, en quelque sorte. Après les événements de Nami nous verrons. »

Je me laissais un peu plus de temps même si je n'étais pas certaine de vouloir changer de statut de si tôt.

« Parce que, voyez vous, je suis actuellement beaucoup plus libre en étant civile que shinobi. Je suis fidèle à mon Pays et vous le savez de part mes faits d'armes passés, mais si demain l'envie me prend de ne plus vivre à Konoha mais ailleurs dans Hi, je m'estime bien plus libre de pouvoir le faire en tant que civile où on ne criera pas à la désertion ou qui ne demandera pas des procédures administratives usantes. »

La liberté. J'y tenais plus que tout.
Malgré la vie de merde que j'avais mené j'avais toujours – ou presque – été libre de mes choix. Certains y voyaient plutôt un abandon complet : personne n'en avait rien eu à foutre de ma situation de gamine des rues à l'époque, j'aurais pu crever dehors que ça aurait été pareil. Moi j'y voyais la possibilité de faire ce que je voulais.
J'aurais pu rester au chaud entre les murs de l'orphelinat à l'époque mais je m'étais barrée pour la même raison : ça ne me convenait pas. Je voulais être libre de faire ce que je voulais, tant pis si ça impliquait une vie de misère.
J'avais changé cette vision des choses en entrant dans l'armée mais depuis ce qui s'était passé j'étais revenue dans cette philosophie de vie et je n'étais pas prête d'y céder.
L’assassinat, la récolte d'informations, se montrer discrète, c'était encore un moyen d'évoluer en solitaire avec une certaine liberté d'actions.
Serveuse c'était un métier normal comme un autre qui me permettait d'apprendre des infos utiles parfois... et souvent des ragots sans intérêts. C'était bosser tard le soir et rentrer chez soi dans des rues désertes.

Avant j'aurais tout donné pour me mêler aux autres, et je l'avais fait...
Aujourd'hui je les fuyais le plus possible.

Spoiler:

Notre rapport de mission atteignait sa fin après que nous ayons tous exposé notre opinion sur le sujet. Les idées étaient partagées, et le Hokage avait semble-t-il déjà pris sa décision, comme à l’accoutumé. Démontrant le pour et le contre, il faisait bien comprendre son point de vue aux Genin qui semblaient bien moins calme qu’Ama ou moi-même. Des mots mesurés, mais il était clair que son ambition visait un objectif bien précis…

Suite à cela, les deux Genins fûrent congédiés, laissant ainsi « les » Jônin avoir une réunion au sommet. Personnellement, il y avait un point que je m’attendais à entendre le long de cette réunion, et je sentais que ça allait rapidement déraper, surtout après la discussion qu’on a eu avec Ama…
Genkishi résumait bien l’importance de la prise de territoire, affirmant sa conviction avant de nous assigner nos nouvelles missions. Alors qu’Ama repartirait à Nami afin de tenir au courant la rébellion et chercher de nouveaux alliés, je serais à rester au sein du pays du Feu pour continuer à traquer les rats sur le territoire. Un peu d’action pour changer et se motiver.

C’est alors que vint le sujet que je devinais allait causer soucis : Le recrutement d’Ama. Autant que possible, j’avais choisi de me tenir à l’écart de la discussion. Une chose que m’avait bien fait comprendre la fausse rousse était qu’elle voulait que je lui foute la paix avec ce sujet, chose que je ferais. Je lui ai déjà expliqué à quel point il lui serait bénéfique de rejoindre nos rangs, mais elle avait déjà exprimé son opinion et à quel point « l’idée était merdique ». Je m’attendais donc à une répétition avec le Kage.

C’était donc après qu’Ama exprima l’importance de sa « liberté » au-dessus du rôle de Shinobi que le Kage lâcha l’affaire, avant de la laisser se préparer pour sa nouvelle mission. Ce fût à mon tour d’intervenir à nouveau, alors que le Kage semblait assez content de voir que je n’avais pas étripé sur place le Daimyô. A croire que tous le monde pense que je n’étais qu’une bête incontrôlable, assez insultant.
Cependant, il avait raison sur un point : me défouler sur des opérations bien plus musclées seraient plus dans ses cordes, et quoi de mieux qu’un interrogatoire.

« - Je tâcherais de récupérer les informations dont nous aurons besoin pour leur élimination. En espérant que ne m’empêchera pas de repartir à la traque de cette prisonnière… »

Il avait toujours la traque de Nakata à faire, et d’autres criminels se cachaient sans doute dans les forêts de Hi… Les chasser lui permettrait de penser à autre chose que ces discussions qui l’ont pas mal saoulé récemment.
Une fois que nous fûmes autorisés à partir et quitter le bureau, je pouvais deviner une forme de frustration se dégager d’Ama, et de son point de vue, je ne pouvais réellement lui en vouloir. Mais comme l’a dit notre Hokage, nous étions en congé pour la soirée, autant en profiter.

« - … Envie de se saouler au point où demain on fait la promesse qu’on va jamais respecter d’arrêter de boire ? »