Est-ce qu’ils s’attendent à une histoire comme celles que l’on peut retrouver dans les anciens manuscrits ? Une véritable épopée héroïque, tout en couleur ? Ce n’est pas du tout le cas, si c’est cela. Après tout, il faut dire que l’aventure de la kunoichi ne fait que commencer, alors, hormis son passé et sa vie au sein du clan Yūzora, il n’y a pas tellement à raconter. Mais c’est déjà un bon début.
En soit, elle pense que c’est une chance de débuter ainsi. Il est vrai que, dans son pays natal, la plupart des gens la connaissent. Pas personnellement, loin de là, mais plus comme celle qui devait être la prochaine figure du clan. Un clan qui a une bonne réputation au milieu de la brume, c’est certain. Mais au-delà de l’océan, c’est une parfaite inconnue, pour le reste du monde. Et ce n’est pas plus mal.
Une privilégiée. C’est ce que l’on pourrait penser quand on la voit la première fois. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir porter des vêtements de la sorte. Pour elle, ce n’est rien, mais c’est aussi parce qu’elle est née dans une grande famille. Mais pour les autres, ce n’est pas difficile de comprendre qu’elle ne vient pas d’une famille de roturiers. Et pourtant, ce n’est pas quelque chose qu’elle veut mettre en avant. Il suffit de voir sa façon de parler, qui a beaucoup évolué au fil des années. Les Mizujins avaient l’habitude de la voir comme une enfant douce, charmante, à l’écoute des autres.
Mais aujourd’hui, c’est différent. Elle n’a pas froid aux yeux, est devenue téméraire, n’a plus la langue dans sa poche. Têtue, franche et parfois même un peu trop, elle a perdu cette habitude de brosser les gens dans le sens du poil. Cela pourrait être un choc, pour les membres de sa famille, s’il devait la revoir aujourd’hui. Elle a beaucoup changé, en une année. Depuis son départ.
« Ce n’est sûrement pas très utile de parler de ma naissance, ou encore de mon enfance. Je ne suis pas différente des autres femmes qui ont vu le jour dans un clan comme le mien. Je vais donc aller à l’essentiel. » Et elle a bien raison. Cela ne sert à rien de s’attarder sur une enfance, qui n’a rien d’extraordinaire.
Mais peut-être qu’il faut préciser qu’elle n’est pas venue au monde seule. Ayako n’est pas la seule enfant à voir le jour durant cette longue période printanière. Des jumeaux. Un garçon et une fille. Les deux enfants de l’homme qui se trouve à la tête du clan Yūzora.
x148 ─ Mizu no Kuni
Asanagi
Un entraînement plus que rigoureux, un apprentissage de toutes les traditions du clan, comprendre la gestion d’un clan de plusieurs centaines de personnes. Toutes ces choses que les deux enfants avaient besoin d’apprendre, avant d’atteindre véritablement le rang d'héritiers.
Même si c’est son frère, qui était vu comme celui qui serait le prochain chef du clan, pour lui, c’était impossible de le faire sans sa sœur. Très soudés, toujours ensemble, pour se soutenir, s’épauler et faire en sorte d’être toujours en sécurité. Il ne voyait pas son futur sans elle. C’était comme une partie de lui, et inversement pour elle également.
Mais c’est une véritable tempête qui est venue pour briser tout ceci. Briser cette prospérité, ce calme, cette joie de vivre. Une tempête du nom d’Arashi. Et même si le Yuukan tout entier fut impacté par la fuite de tous ces prisonniers, c’est bien le pays de l’eau qui en fut le plus les frais.