Yuri regagna la grange sans trop de difficultés, s’étant retournée suffisamment rapidement pour éviter le flash de son propre piège lumineux. Son petit stratagème devait lui avoir laissé suffisamment de temps pour occuper son ennemi. Cependant, là où elle s’attendait à trouver Muku, la jeune scientifique constata que l’endroit était bien vide. Peu importe, il n’y avait aucune minute à perdre. Immédiatement, la jeune scientifique s’affaira à extraire le poison de son bras en commençant par stopper la nécrose qu’il commençait à induire. Elle n’eut qu’à réitérer la technique qu’elle avait appliquée sur Muku, à la différence que, cette fois-ci, son état était beaucoup moins déplorable que sa compagne. Ses capacités de soins lui permirent ensuite de rapidement réparer les cellules de son bras.

Cette intervention, bien que courte, lui avait couté une bonne partie de son chakra, ce qui laissait supposer que leurs adversaires ne devaient pas être pris à la légère. Yuri se demanda même si, de front, les deux femmes auraient eu une chance de les combattre. Une hypothèse incertaine dont la Miyazawa n’avait certainement pas envie de connaitre sa réponse. Tandis qu’elle se soignait, la jeune brune eut bientôt vent de l’emplacement de Muku qui avait bel et bien profité de son petit subterfuge pour contre-attaquer. Son adversaire luttait encore péniblement contre les effets éblouissants de sa petite explosion de lumière. Une aura teintée d’un vert turquoise sur l’épaule, Yuri observait attentivement la scène, un sourire aux lèvres.

« Après avoir arpenté les champs plongés dans le noir, les yeux s’adaptent à l’obscurité en dilatant les pupilles au maximum. Ce faisant, elles sont 30000 fois plus sensibles aux changements brusques de lumière. Après mon flash, l’adaptation rétinienne prend environ cinq secondes pour se réaliser…bien en deçà de la vitesse de la lumière qui a tout le temps de se faufiler jusqu’au cristallin. »

La même attaque que précédemment frappa a nouveau. Des cygnes majestueux qui n’eurent aucun mal à trouver leur cible encore éblouie par la lumière.

« Le temps de réflexe…environ 0,15 secondes pour un être humain normal. Le mal est fait bien avant que notre cerveau n’ait eu le temps de se rendre compte du danger. »

Sa blessure était complètement guérie mais elle ne pouvait pas dire autant de son adversaire. Quant à son état de santé, cela dépendait surtout de la retenue dont avait fait preuve Muku sur ce coup-là. Si elle était morte, Yuri dira simplement que c’était légitime puisqu’elles s’étaient faites attaquer. Mais si elle respirait encore alors la jeune brune essaierait de faire en sorte qu’elle ne meurt pas afin que l’on puisse l’interroger. Dans tous les cas, Yuri sauta de la grange et regagna rapidement l’emplacement de Muku, toujours sur ses gardes. Il était hors de question de se faire avoir une nouvelle fois par une quelconque sournoiserie de la part de l’empoisonneuse. Quant à son acolyte, il gisait plus loin tandis que le nuage se dissipait lentement pour révélée sa carcasse séchée dont le ventre était transpercé de part en part.

Se rapprochant de son ennemi, Yuri constata que cette dernière s’était recouverte d’une sorte de muqueuse qui lui avait permis de résister à certains impacts. Ainsi les organes se trouvant dans sa cage thoracique furent épargnés mais dans la précipitation et l’éblouissement, sa technique se forma de manière incomplète, ce qui laissait les autres parties de son corps sérieusement blessés. En l’occurrence, l’une de ses mains était fermement appuyée sur son flanc gauche. L’œil attentif de la scientifique lui permit presque immédiatement de comprendre la situation mais puisque l’empoisonneuse semblait vouloir s’exprimer, elle lui en laissa l’occasion non sans rester à bonne distance de cette dernière.

« Vous étiez donc deux. J’ai été négligeante en sous-estimant les soldats de cette immigrée à fleurs. Nous avons combattu nombre de soldats de Kumo et je peux affirmer que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui brillait autant par son esprit. »

Ses paroles furent entrechoqués par des quintes de toux qui la forcèrent à rejeter un fluide verdâtre que Yuri ne reconnut que trop bien. Pour éviter un mouvement inutile de la part de sa partenaire, elle agita la main vers elle pour lui signifier que tout allait bien.

« Tu savais que tu ne pourrais pas me battre en combat singulier alors, au lieu de foncer tête baissée, tu t’es astucieusement servie de ta copine pour te donner un avantage décisif. »

Elle leva une main tremblante vers l’épaule de Yuri.

« D’autant plus que tu n’as eu aucun mal à guérir ton épaule »

L’empoisonneuse se tourna vers Muku.

« Quant à toi, tu as été exposée à mon poison auparavant n’est-ce pas ? C’est ce que j’avais de plus violent en réserve et même dilué, il aurait du t’emporter dans la tombe, depuis longtemps. Tous mes plans ont été déjoués. Je…n’ai plus rien. Vous avez gagné sur ce coup-ci. »

Ses quintes de toux se firent plus violentes tandis qu’un liquide rougeâtre s’échappait de sa blessure. Aussi farouche et cinglée qu’elle était, leur adversaire semblait tout de même être bon joueur et savait accepter la défaite. Yuri l’avait écouté attentivement et connaissait bien l’état de sa patiente. Elle pouvait la sauver mais son jugement n’était pas le seul ici. La jeune brune était désireuse d’entendre l’avis de la Senbaru mais non sans avoir lui donner les détails.

« Son estomac est perforé. L’acide qu’il contient se répand peu à peu dans ses autres organes. Dans son état, je dirais qu’elle ne vivra pas plus d’une dizaine de minutes. Sachant qu’au bout de la moitié de ce temps, même moi je ne suis pas sûre de pouvoir la sauver. On a le choix de la soigner pour l’interroger ou alors de la laisser périr ici. Qu’en dis-tu, Muku ? »

HRP:

Hrp:

Le choix de Muku était raisonnable et rejoignit celui de Yuri. Si cette dernière avait volontairement omis de donner son avis, c’était avant tout pour ne pas l’influencer. Une fois accordées, Yuri entrepris de soigner l’empoisonneuse non sans lui avoir trancher les tendons des mains et des pieds au préalable pour éviter toute tentative de fuite ou de composition de jutsus. Tout de même, la jeune brune avait fait en sorte de procéder de manière indolore, un peu comme si elle avait procédé à une anesthésie locale. Le transport fut assuré à l’aide d’une charrette où les deux femmes chargèrent les corps de leurs opposants, non sans que Yuri essuie une nouvelle boutade de sa partenaire.

« Tu me prends pour qui ? Un savant fou ? » Dit-elle en souriant.

Enfin, elle avait peut-être raison. Après tout, il ne fallait pas qu’ils laissent le corps ici et le Kagakusha pourrait en tirer quelque chose d’utile même si la jeune brune se refusait de livrer ce genre d’expériences si elle pouvait l’éviter. Yuri fit donc ses adieux à Yagura, contente de l’avoir revue après tant d’années même si leur rencontre aurait pu se faire en de meilleures circonstances. Le vieil agriculteur la considérait comme sa propre et l’accolade qu’il lui fit témoignait de toute l’affection qu’il portait pour elle. Un homme bon au grand cœur.

« Prends soin de toi. Je suis très contente de voir ce que tu es devenue. Sois prudente, des rumeurs disent que ce genre de personnes sont partout dans le pays. »

« Je ferais attention, je te le promets. En ce qui concerne les champs, je crois que je peux vous aider mais il va me falloir quelques semaines pour y arriver, vous pourrez tenir d’ici là ?»

« Oh ne t’en fais pas pour cela, avec Chikyuu-sama, on en a vécu des années de disette et on est toujours là ! »

Un grand sourire rassurant suffit pour redonner espoir à la jeune chuunin. Sur ces bonnes paroles, la jeune brune se sépara de leur hôte et les jeunes femmes purent reprendre le chemin du village. Durant le trajet, Yuri voulut évoquer le problème de l’eau à nouveau. La solution la plus simple aurait été d’élaborer une antitoxine à partir du sang hépatique de Muku mais elle ne se voyait pas le lui redemander une nouvelle fois alors la jeune femme se tut. Une fois de retour chez eux, elles s’occupèrent de livrer l’empoisonneuse aux unités compétentes afin qu’ils en extraient les informations tandis que le cadavre rejoignit les morgues de l’Aiguille.

Durant les prochains jours, le temps de Yuri était partagé entre l’écriture du rapport de mission ainsi qu’une façon de restaurer les champs empoisonnées. En fait, elle avait déjà la solution car il lui suffisait simplement de remodeler l’une de ses idées préalablement utilisées pour décontaminer la rivière. En effet, la jeune scientifique se lança dans une production de pierres très poreuses dont les surfaces d’échange étaient très grandes. A l’instar du charbon actif, ces pierres que l’on appelait zéolites étaient des alliages de phosphore, magnésium et calcium. Leur grande surface permettait d’échanger facilement des éléments lourds en les troquant contre les éléments cités plus haut. Ainsi, il était possible d’extraire les substances nuisibles des sols agricoles et de relarguer tout un tas de nutriments essentiels à la pousse des plantes.

Une production de masse qui nécessitait des coûts d’investissements mais la finalité permettait de sauver une région tout entière. Une fois les cargaisons prêtes, Yuri chargea des convois ainsi que des shinobis avec un mode d’emploi permettant de les utiliser mais surtout qui permettait de les enseigner aux agriculteurs de Houjun. Quant à la rivière, Yuri y travaillait encore. Elle avait encore plusieurs mois voire même des années avant que la métabolisation du poison ne devienne un réel problème. Par sympathie, Yuri ne mentionna pas l’épisode d’intervention sur la Senbaru craignant qu’on la force à coopérer. La lettre n’avait été lu que par elle et à priori personne n’était au courant. Au pire des cas, Yuri dirait qu’elle avait oublié de le mentionner mais pour l’heure, elle en gardait le secret.

Quelques semaines plus tard, les premiers parterres avaient été semés. Ces derniers pousseraient même en hiver puisque Yuri avait sélectionné génétiquement les plants ayant une résistance accrue au froid. Obtenus par croisements, ces derniers allaient assurer de quoi faire tenir la région jusqu’à la prochain saison où ils pourront à nouveau planter ce qu’ils désiraient. Cela les privait certes de diversité mais au moins, ils ne mourront pas de faim. Cela évitait également que Kumo réinvestisse des fonds pour aider la région alors qu’elle-même peinait à gérer le conflit avec le Jinsei. Epuisée, Yuri leva le pied durant les prochains jours qui suivirent la clôture définitive de la mission. Elle eut l’honnêteté de livrer tous les détails à sa partenaire ainsi qu’une copie du rapport qu’elle joignit à une lettre. Ainsi, après plusieurs semaines d’efforts, les deux jeunes femmes avaient contribué à repousser un peu plus l’influence de cette macabre organisation dans leurs contrées.

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