Les éclats de cristal qui sectionnent sa peau, laissent de belles plaies. Elles donneront peut-être des cicatrices, celles-ci.
Un sourire sur ses lèvres alors qu’elle serre Inari contre sa poitrine. Ce seront ses cicatrices, pas celles de la Genin. C’est une manière de se réconforter, de continuer à serrer les dents alors qu’elle sent la douleur la tirailler d’un peu partout.
Sacrée mission que celle-là.
Tout aurait pu être plus simple, mais tout ce qui a été tenté jusque-là n’a pas fonctionné.
Que serait-il passé si Itoe n’avait pas couru pour les rejoindre ? Où serait Inari ? Hibana ? À voir l’état de la Seika, nul doute qu’elle ne serait pas juste sonnée mais morte. Pareil pour la jeune Sakutsu.
Rukia aura bien protégé les deux demoiselles, mais, à elle seule, contre une telle combattante, elle n’aurait pas pu les préserver.

Ou alors peut-être, parce qu’on ne peut baser le monde sur des « Si ». On ne peut répondre aux questions de cette manière.

Itoe se redresse, constate l’état de son mur, sent les secousses de la plateforme qui menace de s’effondrer.
Il faut qu’elle descende. Qu’elle emmène la demoiselle avec elle.
Sans réellement réfléchir, alors qu’elle entend les murmures au loin, l’albinos décide de presser la blonde contre sa poitrine. Elle la serre autant que possible, jusqu’à atteindre le sol.
Ce n’est pas le plus simple, ce n’est pas non plus la meilleure des cascades, mais ça suffira. Elle tire sur ses jambes pour ne pas laisser la douleur la faire tomber.
Ses bras sont déjà suffisamment lourds pour qu’elle accepte qu’une autre partie de son corps ne la lâche.

Inspire profondément, regarde autour d’elles.
Le petit creux qu’a créé Rukia leur permet de rester plus ou moins à l’abri de la forêt piquante de cristal. La lieutenante, dont le nom est toujours inconnu pour Itoe, aura donné son maximum. Jusqu’au bout de la bataille, elle se sera montrée féroce, puissante. Elle aurait pu être une ninja formidable pour le village.
Mais non.
Il aura fallu qu’elle choisisse la voie des criminels. Celle que suivent les personnes perdues, qui n’ont pas été entendues par la société. Ou qui n’ont pas tenté de l’être.

Alors que les parois commencent à trembler, leur adversaire décide de se donner une fois de plus.
Une dernière fois.
Elle élève trois piliers de cristal qui montent, montent, jusqu’à menacer de faire s’effondrer toute la voie.
Itoe laisse Inari auprès de Rukia.

« Ne faites plus rien exploser. La moindre étincelle et nous tombons toutes les quatre. »

Et ce n’est pas une option.

Itoe décide de puiser dans ses dernières réserves. Elle compose des signes et, à gauche, puis à droite, aux extrémités de la voie, autant que possible, elle érige deux grands murs floraux. Ça devrait tenir un peu. Au moins le temps que les équipes de secours viennent les chercher. Un peu plus loin, elle en dresse un nouveau, moins épais, mais c’est une mesure de sécurité.
Ça devrait aller.
Devrait

Elle n’en est pas sûre, mais elle peut difficilement faire davantage pour le moment.

« Il est temps de quitter les lieux ! Vous pourrez vous en sortir ? Les secours s’occuperont d’Hibana, je me charge d’Inari ! N’hésitez pas à leur faire signe si nécessaire ! »

L’albinos se penche pour reprendre la blonde dans ses bras.
Le chemin à faire vers la sortie n’est pas le plus praticable, ni le plus simple, mais c’est leur dernière étape.
Itoe va chercher ses dernières réserves pour marcher le plus vite possible, Inari installée sur son dos. Elle ne court pas, consciente qu’elle ne tiendrait pas sur ses jambes.
L’équipe de secours ne devrait plus tarder.
Ou au moins, elle l’espère.
Fort.
Vraiment très fort.