En amour comme à la chasse, on n’attrape pas toujours ce qu’on attend.
Ah elle en avait de drôles idées la Kazekage.
Elle s’était dit que ce serait intéressant, que ce serait formateur, d’envoyer ses jeunes shinobis en pâture, de les envoyer aux fronts. Ce serait amusant tiens, de les voir galérer, de les voir défier, de vrais professionnels de l’infiltration, de la criminalité.
Elle avait tenu un briefing devant le Grand-Dôme du village caché. Il était temps de retrouver les traces, de retrouver les criminels infiltrés. Les habitants avaient déjà subi les vices de cette drôle d’initiative. Il était aussi question d’être diplomates, d’être doux avec les scélérats. Tiens donc, c’était donc un jeu. Le chat et la souris. Un jeu dont le moine se serait bien passé, en bon roi de la paresse.

On lui avait assigné deux camarades de mission. Encore des inconnus. Des inconnus du même clan, ils avaient le même nom. Hiro avait peur de tomber sur un couple. Il se passerait bien de tenir une chandelle, surtout au milieu d’une mission. Et puis il avait peur d’être le bourreau des cœurs, de briser les charmes. Sa virilité en attirait plus d’une. Il en était certain.

Il avait d’abord rejoint son premier acolyte. Un homme, visiblement dans un âge similaire au sien, un peu plus petit que lui. Hiro grimaça à l’idée d’être source de conflit, source de jalousie et de complexe d’infériorité pour tout autre être masculin. Il attendit la dernière avant de se présenter.
Il aperçut celle-ci, un joli petit bout de femme avec un tendre minois. Un sourire étira les lèvres du moine, bien content de pouvoir rencontrer une jolie fille. Il n’eut pas le temps de prouver sa galantise, elle se précipita tout de suite pour se présenter. Elle s’appelait Hina et semblait effectivement bien connaître l’homme qui serait leur coéquipier. C’était un vrai petit moulin à parole, débitant ce dont elle était capable, s’ils avaient déjà une idée ou plusieurs idées. Hiro étira un peu plus son sourire. C’était trop mignon. Enfin…
Son sourire s’effaça d’une traite.
L’homme la recadra en quelques secondes, d’un ton sec, froid, vivifiant.
Bien que l’homme semblait aussi éveillé que lui, il n’était pas du genre à tolérer qu’on coule une dame, et encore moins en sa présence.
Il devait être jaloux de la stature du moine.
Il n’en doutait pas un seul instant.
Oubliant quelque peu l’objectif de la mission, Hiro poussa un soupir d’exaspération et fronça les sourcils.

« Hirohiko, enchanté Hina. » se présenta-t-il d’abord à la jeune femme avec un grand sourire.
Il préférait Hina à « The Hornet ».
C’était pas assez mignon.
Il revint assez vite vers le jeune homme.

« Du calme bonhomme, on gère l’aspect stratégique et tu te rendors, vendu ? » lui proposat-il en tentant un semblant d’autorité.
« Tu parles meilleur à la jolie jeune fille oké ? » semblait-il lui dire.
Il avait pris la suite d’Hina, acceptant la direction qu’elle proposait.

« Spécialiste en défense et protection, je gère le soutien et la vision stratégique des combats si cela vous va. » proposa-t-il très gentiment à Hina, tout en s’adressant également au deuxième congénère mais sans pointer vers sa direction.
Ca promettait d'être une sacré journée.
Encore.

Alpha. Ça lui plaisait plutôt bien comme terme. N’étais ce donc pas la reconnaissance de leur supériorité ? Alpha. L’étoile choisie comme la première d’une constellation, au sommet de tous.
Comme lui.
C’était parfait.
Vraiment.

Parfait jusqu’à ce que la jolie Hina le rappelle à l’ordre. Hiro n’avait pas bien compris pourquoi.
Avait-elle peur qu’il éblouisse trop la scène ?
Qu’il lui vole la vedette ?
Avait-elle peur de montrer de l’affection devant le dénommé Kakuzo ?
Elle lui lança un clin d’œil.
Alala il ne pouvait rien y faire après tout, il était si parfait.

Et puis ce fut la débandade. Le moulin à parole de retour. Et puis il y avait cet air étrange qui vibrait dans l’air. Il n’y avait personne. Aucun criminel à proprement parler. Mais l’air était comme électrique. Il sentait que quelque chose ne fonctionnait pas. Ce fut souligné par la jeune femme qui pointa du doigt qu’ils étaient observés. Hiro n’avait pas pour habitude de sortir son insigne militaire alors il ne lui fut pas compliqué de la cacher sous son ample kimono. Elle devait être déçue la jeune. Peut être qu’elle voulait mater davantage leurs corps aux deux beaux mâles alphas.
Alala les femmes.

Ça proposait beaucoup de chose en un rien de temps. L’autre mec devait faire diversion, devrait se donner en spectacle devant les jeunes. Il fallait faire en sorte de choper le mec aux rennes de l’infiltration, le roi du quartier, le roi des criminels. Au fond Hiro, il s’en fichait bien, de mater de la canaille. Lui, il ne voulait que plaire et être la source d’attention. Bon il laisserait la vedette à son compère aujourd’hui. La jalousie est un vilain défaut. Surtout lorsqu’on lui propose d’être en charmante compagnie. En réalité elle voulait écarter Kakuzo et le garder juste pour elle. Il le savait. Il en était sûr, plus que certain. Hiro étira un sourire à l’idée que la jeune femme était déjà sous son charme. Il n’y pouvait rien. Elles le désiraient toutes.
En bon Alpha, Hiro acquiesça à l’idée de la jeune femme et se serra davantage contre elle, bon joueur de son rôle mais également gros profiteur. Il fallait être bas, il fallait être niais. Oh il allait être le pire des amants. Le plus niais des niais. Pour son plus grand bonheur.
Ça tombait bien, à la porte d’une échope de pêche il y avait un bouquet de fleur. Hiro en tendit une vers Hina.

« Oh Hina, ma belle Hina, si chaque fois que je pensais à toi, il poussait une fleur, alors le désert serait un immense jardin de rose. »
C’était niais, bébête à souhait, comme elle le voulait. Il faisait mine de se perdre dans ses yeux, d’être l’amoureux transit, qui ferait tout pour sa belle et qui se fichait bien de ce qui se passait autour de lui. Il ne se doutait pas du caractère de feu de sa congénère. C’était peut-être, le plus excitant.
Enfin, son monologue de loveur abruti fini, il y eu comme un énorme bruit et pas mal de hurlement et de cris. Hiro ne put s’empêcher de jeter un œil par-dessus l’épaule de sa dulcinée. Il aperçu Kakuzo sortir d’un des grands entrepôts, batte à la main, un peu de sang sur le visage.
Oh bordel.
Qu’est ce que c’était que ce foutoir ?
Il était ahuri, abasourdi, quelques secondes avant de faire comme ci de rien n’était. Il s’approcha du visage de la jeune femme et lui chuchota à l’oreille. On aurait pu croire qu’il s’agissait encore de mots doux qu’il allait lui susurrer à l’oreille mais la vision qu’il venait d’avoir l’en empêcha quelque peu.

« Eu… le plan c’était de casser les meubles hein ? » il eu l’air de lui demander s’il fallait faire quelque chose, s’il fallait qu’il aille en aide aux gnomes, à contre-cœur, parce qu’il n’avait pas du tout envie de se séparer de la jeune femme.
Dans un même temps, profitant de la panique, un petit lui toucha les fesses, comme pour lui faire les poches, sauf qu’il n’avait rien. Peut-être que c'était juste un gosse confus. Il n'y prêta guère attention.
Il ne fallut pas longtemps après le bazar provoqué par son collègue pour qu'un sifflement se fasse entendre.
L'alerte était sonnée.
C'était le début de la fin.

La fin justifie les moyens.
C’est un proverbe d’ordinaire célèbre auquel on accorde plus ou moins d’importance. Et, visiblement, Kakuzo l’avait pris un peu trop au pied de la lettre, ce proverbe. Il avait fait fit des principes et était parti, tête baissé, tabassé de la veuve et de l’orphelin. Enfin, du vieux loustic mal léché pour le coup. Et on aura beau dire tout ce que l’on veut, proverbe ou non, ça ne passait pas. Ca ne passait pas et cela se voyait. Hiro était mal à l’aise et avait fait tomber son masque de loveur transit. Hina l’avait rembarré parce qu’elle était obligée de s’occuper du cas Kakuzo… Bref, rien n’allait. Tout était sans dessus dessous. Un si beau plan tombé aux oubliettes sur des ordres incompris. A moins que ce ne fut ce la jalousie de l’Itsuru qu’on laissa seul tandis que les deux autres avaient pour dévolu de roucouler, aux anges. Ça avait dû tiquer, quelque part, dans son cerveau. C’était forcément ça. C’était humain, après tout. Mais bon, les pauvres civils n’avaient rien demandés. Peut être qu’ils le méritaient. Mais dans tous les cas ce n’était ni l’endroit, ni le moment, et la belle Hina se dardait bien de le faire savoir.
Alors non, la fin ne justifiait pas les moyens.

Elle commençait à engueuler son camarade de clan quand soudainement elle se stoppa. Hiro sentit quelque chose d’invisible l’emprisonner. Il tenta un mouvement du bras. En vain. Il n’était pas bien sûr de comprendre ce qu’il se passait, ce qui l’entravait. Qu’étais-ce vraiment ? Ces questions furent de courtes durées. Le responsable, dans une entrée triomphale digne d’un héros de roman, arriva en scène et se présenta. Eihei, un Jonin. Hiro s’amusa du prénom, se disant que ça faisait très « m’as-tu-vu ».

Il n’avait pas l’air content.
Il n’avait pas l’air commode.
Il avait franchement l’air de les gronder.
Et bizarrement ça fit sourire Hirohiko,
Parce que c’était plutôt une bonne chose, qu’on les gronde, cette fois-ci.
Enfin…
Une bonne chose…

La belle Hina se confondit en excuses. Il n’y avait rien à redire. Rien à redire sur son ton, sur son fond, elle était parfaitement honnête, digne d’un grand chef. Hiro ne lui trouvait bien que des compliments dis donc. La chose était tout autre pour Kakuzo qui, en plus d’avoir commencé par provoquer le jonin – et fort heureusement il fut coupé à temps par Hina – s’en prenait désormais à Hina. Il l’accusait d’être la fautive alors qu’elle avait l’amabilité de s’incomber la faute ? Hiro fut piqué au vif. Certes il pouvait être jaloux, et cela s’entendait, mais il y avait des limites et il allait les montrer. Enfin, il n’allait pas trop les montrer non plus parce que pour l’instant il bénéficiait de la « protection » du Jonin mais après rien n’était encore écrit.

« Hm. Effectivement c’était bien le plan d’Hina mais elle n’a jamais mentionné de tabasser des civils. » railla Hirohiko en pointant son regard directement sur Kakuzo. Il avait également bien forcé l’intonation sur le dernier mot.
Hein Kakuzo.
Arrête tes conneries.

« Il en va donc également du discernement de Kakuzo qui, visiblement, vient à manquer. » il marqua un temps d’arrêt, laissant échapper un soupir. Un sourire postiche s’étira ensuite sur ses lèvres comme pour dire « on vas s’occuper de son cas ne vous en faites pas ».
C’est qu’Hiro n’aimait pas se faire rappeler à l’ordre.
Il avait du mal à l’accepter.
Surtout de la part d’un parfait inconnu qui exhibait son rang comme preuve de supériorité.
Peuh.

Tiens mais d’ailleurs, pourquoi les grondaient-on ? N’avait-on pas mieux à faire ? Ne fallait-il pas attraper les vils criminels qui sévissaient dans le village ? Bon. Il est vrai que Kakuzo pouvait clairement passer pour un criminel et Hiro se demandait même s’il n’avait pas infiltré les Genin celui-là, avec son rayon de connerie. Regardez-le, comme il se pavane, tel un paon, très fier de sa connerie et très fier de l’exhiber. Hiro avait roulé des yeux – dites-vous que d’ordinaire c’était lui qui provoquait les scandales alors c’était un peu une première – à la vue de l’énergumène.
Il était pire que lui.
Et c’était dire !
Mais là n’était pas le but.
Ce n’était ni l’heure, ni le lieu, de se battre pour le piédestal de l’orgueil et de la vanité.
Alors Hiro allait faire valoir de sa qualité oratoire de génie.
Evidemment.

« Hirohiko, moine envoyé du temple d’Amaterasu. » se présenta-t-il.
« Je vous propose de soigner les civils, malencontreusement égratignés par Kakuzo, avant de continuer notre mission. » proposa-t-il avec son sourire postiche flanqué au visage.

« Et nous tâcherons de faire en sorte que cela ne se reproduise plus. » finit-il par dire.

Enfin, quand il disait « nous », il ne se comptait pas dedans. Qu’à cela ne tienne, il n’avait aucune envie de jouer les nounous et encore moins avec une énergumène comme Kakuzo. D’autant qu’il avait aussi peur des représailles du Genin.
Il pleurait intérieurement rien qu’à cette idée.
Mais son honneur devant la belle était sauf.

On ne soigne pas tous les malades avec les mêmes remèdes.
Et Hiro, après avoir calmer les tensions avec le Jonin s’attela donc à la tâche comme on le lui avait demandé. Non sans rechigner, bien sûr, car il est évidemment improbable qu’on lui donnât des ordres mais il fallait se rendre à l’évidence qu’Hirohiko avait vraisemblablement sauver la mise au trio. Non qu’il en eût spécialement l’intention, mais il fallait bien se sortir de cette situation venimeuse, de s’extraire de ses fils qui contraignaient leurs mouvements, et le faire avec audace et ingéniosité pour pouvoir rouler vaniteusement des mécaniques devant les donzelles. Que voulez-vous, nous n’avons pas tous les mêmes motivations.

Ainsi Hirohiko, une fois débarrassé de son étreinte, s’approcha du grand hangar d’où était sorti Kakuzo quelques minutes auparavant. En grande majorité, les hommes étaient légèrement blessés, un peu assommés, mais rien de bien méchant. Certains se tenaient la jambe et boitaient, ou se tenaient le bras en écharpe. Hiro se focalisa donc sur ces derniers cas, rassurant les quelques hommes amochés, et usant de ses techniques de médecin pour diminuer les douleurs et replacer les os et les muscles un peu déplacés. Il fallait l’avouer, les figures amochées n’étaient pas celles de belles jouvencelles en détresses, ni celles de gamins effrontés. Non. Il ne s’agissait là que de cinquantenaires mal tassés, rabougris à la peau usée par les outils et le sel. Rien de bien attirant et Hiro grimaçait en à chaque fois qu’il touchait la peau d’un des vieux loups de mer.
Les hommes, ça ne lui plaisait pas.

A peine eut-il finit avec les cinquantenaires, qu’il entendit un énorme bruit métallique retentir. Ses yeux, exorbités, se posèrent sur le duo Itsuru, qui en venait désormais aux poings. La belle Hina gueulait ses réprimandes et bien que Kakuzo les méritaient amplement, Hiro avait bien peur de la réaction de ce dernier, de la tournure future des événements. Franchement, cette mission, c’était pas gagné.

Et puis ses yeux sortirent de ses orbites, lorsqu’il vit Hina prendre une position d’attaque.
Oh p*tain.
C’était la baston.
La vraie de vrai.
Mais pas entre les bonnes personnes.
Hiro il était partagé. Il était partagé entre l’envie de fuir et l’envie de les arrêter. Il avait envie qu’on le regarde, lui, que l’attention soit portée sur lui. Mais pas comme la cinquième roue du carrosse, pas pour porter la chandelle, pas pour supporter leur querelle d’amoureux.
Très peu pour lui.

D’un côté il y avait la batte à clou, de l’autre les poings de la belle Hina. Ses yeux pourpres viraient de l’un à l’autre sans qu’il ne sache choisir quoi faire.
Et bizarrement Kakuzo fit preuve de raison. Lui, qui, jusqu’alors était l’élément perturbateur du trio, le petit chenapan, le criminel, de la bande. Eut un raisonnement qui tenait la route. Il aurait presque convaincu Hirohiko si ce n’était cette batte qui luisait de milles et unes aiguilles.
Presque calmement, Kakuzo fit volte-face et commença à s’éloigner.
Et Hiro se dit qu’il fallait qu’il entre en scène.
Parce qu’il ne pouvait pas laisser les choses en l’état.

« ENFIIIIIIIIIIIIIIIIN ! J’AI FINIIIIIIIIIIIIIIIIII !! » s’écria-t-il. Il les prit tous les deux par les épaules, un de chaque côté, feignit un sourire amical. Son visage trahissait, tout son énervement. On pouvait y lire clairement le « j’ai pas que ça à foutre de soigner des petits cons donc maintenant on se calme, on insulte et on tape que les méchants ok ? », mais il préféra garder son grand sourire aux deux tourtereaux et de lancer un joyeux « EN AVANT ! ».
Comme pour crier que leurs intensions n’étaient pas de se battre.
Comme pour crier aux criminels qu’ils n’avaient pas peur d’eux.

Hiro avait très peur. Très très peur. Très intérieurement, de voir les jolis clous de Kakuzo sur son beau visage, broyer ses jolies joues. Il avait aussi peur. Très très peur, de voir les jolis poings d’Hina sur ses jolies côtes, broyer ses beaux abdos. Il espérait ne jamais les voir de près.
Ni les clous, ni les poings.
Jamais.
Bras-dessus, bras-dessous, ils reprirent leur quête.
Agrémenté du rire faux mais persuasif d’Hirohiko.
Dos à la science.
Face à l’économie.
En avant !

Hiro, qui avait empoigné ses compères par les épaules, les lâcha bien vite. D’une part parce qu’il avait bien peur des poings et des coups de battes, mais aussi car la situation avait changé drastiquement. Il n’était plus question d’engueulades dignes de la cour de récré ou de frapper de l’innocent pour s’occuper – l’ennui pousse à bien des vices m’voyez –. Non, il était question de revenir à la réalité, à leur mission principale : mater du criminel. Et là, ça commençait fort à y ressembler. Ils humaient tous les trois la piste des scélérats qui saccageaient le village caché.

La femme les ayant interpellés était une Hizori. Hiro connaissait bien les Hizori. Bon nombre d’entres eux effectuaient un pèlerinage d’initiation jusqu’au temple d’Amaterasu, et un certain nombre encore veillaient à la tranquillité du temple, veillaient à en éloigner les brigands, à protéger leurs richesses. Et il faut dire qu’ils faisaient plutôt bien leur travail. La criminalité faisait toujours rage en dehors du périmètre des moines et Hiro n’avait vu passer que des Hizori en pèlerinage ou blessés en les protégeant.
De bon petits ces Hizori.
De bons chiens de garde.
Mais ce molosse devant eux, Hiro ne la connaissait pas. Elle était blessée, elle avait l’air souffrante. Elle était tout de même autonome, Hiro le vit rapidement à l’aura bleutée de chakra lui étant si familière. Les techniques de soins, d’Iroujutsu, ils les connaissaient bien, les pratiquant lui-même.

Hina avait été la première à réagir, à appeler des secours. C’était un bon choix stratégique, Hiro le releva, malgré ses piètres qualités de stratège. Et Hina, en bonne cheffe de bande, leur fit signe pour avancer vers la direction indiquée par le chien de garde. Hiro acquiesça, s’arrêtant d’abord auprès de la Genin blessée. Après quelques rapides mudra, une pilule rouge et blanche apparue. Il la déposa dans la main laissée libre de Dokuke.

« Prends ça. Ça ne te soignera pas mais au moins tu pourras te mettre en sécurité pour te soigner. » lui dit gentiment Hirohiko. Puis il se redressa, fit volte-face, et rattrapa son retard sur ses compagnons.

C’était le problème, quand on était médecin et qu’on arrivait après la bataille. On ne participait jamais aux premiers assauts et on passait davantage de temps à s’assurer que tout le monde allait bien que de vraiment participer aux combats. D’un côté, Hiro ça lui plaisait bien de laisser ses camarades se salir les mains. Surtout le Kakuzo. Ça semblait le démanger de ne pas avoir frappé quelqu’un depuis dix minutes. Hiro espérait de tout cœur qu’ils allaient vraiment tomber sur des criminels parce que sinon, Hina et lui risquaient de voir la batte cloutée d’un peu trop près…

Il entendit de loin le début d’engueulade entre Hina et Kakuzo et leva les yeux au ciel. Bon dieu. Il avait trouvé son maître en termes de macho. Alors qu’il tapotait la tête de la belle Itsuru, Hiro, lui, tapota l’épaule de Kakuzo pour lui faire comprendre que ce n’était pas le moment de chercher les embrouilles.

« Droit devant ! Et t'as intérêt à me dégommer du criminel cette fois-ci ! » lui cria-t-il avec un geste de la main pour lui montrer où se trouvait – potentiellement – l’ennemi.

Mais qu’avaient-ils donc tous à tituber aujourd’hui ?
A la vue de l’homme encapuchonné titubant, Hiro leva les yeux au ciel. Il en avait un peu marre de secourir tout le monde à coup de guérison ou de doliprane. Où était donc les vrais ninjas bordel ? N’y avait-il donc aucun tank ? Aucune personne capable de se protéger soi-même ? Non. Fallait qu’il fasse tout le sale boulot. Mais bon avec un peu de chance il arriverait peut-être à draguer une jolie shinobi. Fut-il encore qu’elle n’ait pas le visage défiguré par les combats. Il poussa un léger soupir. Après tout, la défense était plus difficile que l’attaque. Il n’y avait donc que l’élite, que lui-même, pour être capable de maîtriser pareille prouesse.
Ne savoir que défendre.
Ce n’était pas bien pratique.

L’homme encapuchoné avait dû remarquer l’accoutrement d’Hirohiko. Il était bien évidemment hors de question qu’il ressemble à n’importe quel individu lambda. Il était le très grand, le très puissant Hirohiko, sauvant à tour de bras de la veuve, de l’orphelin, du gros loup de mer et de la shinobi en détresse. Oui, il était tout ça Hiro. Un vrai chevalier servant.

L’homme le supplie.
Evidemment qu’il le supplie.
Quiconque supplierait son aide, sa bienfaisance.
Enfin…
C’était quoi cette merde ?
Y voyait-il bien clair ?
A quelques centimètres de son visage se dresse un énorme scorpion sur la main de l’inconnu, le dard prêt à attaquer.
Le sourire de l’homme est carnassier.
Il fait peur.
Euh.
Minute.
Il n’avait pas prévu ça.
Pas du tout.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaah !!! Eloigne cette merde de mon-  Niiééééééééééééééééh ?! »
Il n’eut pas le temps de comprendre qu’on le saisissait par le col, jeté en arrière, à moitié-étranglé sur le coup. Il se frotta la gorge lorsque ses pieds rejoignent à nouveau le sol.
Bordel qui c’est qui le faisait crier comme une mauviette devant la belle Hina ?!
Lui qui avait donné tellement de sa personne pour paraître si parfait jusqu’alors ?!
Il reconnu la voix du scélérat.
Il reconnu sa façon de faire.
Il faisait toujours en sorte de le surprendre, de l’envoyer valdinguer en l’air.
Crétin d’Hizori.

« Mayuuuuuuuuuuuuuuuuu !!! » cria-t-il au nouveau venu, le serrant dans ses bras avec la bonne intention de lui rendre la pareille. Lui broyer une côte ou deux tiens, avant de commencer la mission.
Les – presque – frères étaient intenables lorsqu’ils étaient ensemble.

Mayuri était un peu trop strict alors, une fois qu’il eu finit de lui défoncer le thorax, Hiro reparti en quête du scorpion, non sans lâcher un râle désapprobateur. Parce que les scorpions c’était moche. Ça faisait peur. C’était gros. C’était méchant.
Non vraiment les scorpions ça n’avaient rien pour eux.
Pis les autres avaient l’air de bien s’éclater. Alors que lui il devait mater du scorpion en étant défenseur. La belle affaire.
Par principe, Hirohiko sortit de dessous son grand kimono, son fidèle shakujo télescopique. Ça faisait du bruit. Ça carillonnait dans tous les sens. C’était fait pour éloigner les bêtes sauvages. Les scorpions c’étaient des bêtes sauvages.
Non ?

C’est bizarre parce que la bestiole lui semblait vachement plus grosse que quand elle était sur la main de l’individu. Pourquoi diable la suivait-il ? Il avait l’air appétissant ? Pour un scorpion ? Bon après tout il devait avoir l’air appétissant pour bien des femmes alors un scorpion ou une nana… quelle différence me direz-vous ?
Par principe, il préféra tenir la chose à distance.

« Tu m’approches pas sale bête ! » dit-il au scorpion.
Parce qu'évidemment un scorpion ça comprenait ce qu'il disait.

Par précaution il confectionna un antidote et le garda en réserve.
Il avait pas trop envie d'être piqué par ce truc tout moche.
Ni par la seringue de son antidote.
Mais sais-t-on jamais.
Qui allait piquer le premier ?
Combat de Far West, tel Lucky Luke, prêt à dégainer.
Qui serait le plus rapide ?