Ce jour-là, il ne se passe rien. Du moins il ne devrait rien se passer.
Chikkou est au marché, il fait quelques achats pour sa prochaine mission. Cette dernière l’étonne… Ou plutôt, c’est sa réception qui l’étonne. Les autorités transmettent habituellement des ordres urgents, à réaliser dans l’heure. Dans la demi-journée, au mieux.
Ca ne fonctionne pas ainsi, pour cette fois. Chikkou a reçu la visite d’une grive du désert trois jours avant son déploiement effectif.

Il servira d’escorte à un scientifique, un certain Hasegawa Yoshida. Un Hizori l’aidera d’ailleurs.
Chikkou connaît ce clan et, plus encore que la lumière des Tegami ou les patins des Azuru,leur sable le fascine.
On dit d’eux qu’ils sont les fils du désert – même s’il arrive parfois à notre Chikkou national de se demander s’ils n’en sont pas les pères en réalité.
Son allier, un certain Mayuri, sera plongé dans son élément tout au long de la mission, et notre champignon ne compte certainement pas le laisser tout faire pour autant. C’est hors de question.
C’est pour cela qu’il est venu au marché, qu’il achète des champignons rares dont la réplication des spores lui est encore inaccessible.
Chikkou n’est encore qu’un genin. Il en a pleinement conscience.

Il ne devrait rien se passer, encore moins en plein coeur de Suna… Pourtant quelque chose cloche.
Cela fait quelques stands qu’il se sent observé. Il inspire, sourit à la jeune vendeuse devant lui.

« Dites-moi, vous ne verriez pas quelqu’un qui nous regarde ? »

Il penche la tête et elle fait de même. Elle balaye le marché du regard deux ou trois fois, affiche une moue presque déçu.

« Eh bien… Je ne crois pas.
— Merci. »

Il lui sourit de nouveau, avant de lui faire un clin d’oeil. Il ne faut pas qu’elle s’inquiète.
Notre champignon inspire, compose ses mudras et crache un fin nuage de spore. S’il y a du chakra, il le sentira.
Il se concentre, perçoit une masse flottante.

« Ha ! »

Il rougit. Il n’aurait peut-être pas dû s’exclamer ainsi.
Chikkou tend la monnaie à la vendeuse et hoche la tête lorsqu’elle veut lui rendre. Ca lui fera un pourboire.
Il lui dit un chaleureux au revoir et se concentre de nouveau sur cette masse de chakra. Il n’y a, par chance, pas de vent ce jour-là, ce qui ne disperse pas ses spores et lui permet de se plonger davantage dans sa technique.
Il perçoit un filin de chakra qui s’étire de la masse, le suit l’air de rien. La veine de chakra se densifie avec la distance, signe sans équivoque que l’utilisateur est proche.

La veine braque brusquement vers le dessus d’un toit.

Chikkou inspire, fléchit ses jambes et, un puissant bond plus tard, se retrouve sur le toit.
Il y a un homme, l’un de ses yeux est fermé. Chikkou est certain de ne pas le connaître. Peut-être l’a-t-il croisé un jour, mais il ne lui a très certainement jamais adressé la parole.
Notre champignon sourit, mais l’agacement se lit dans son regard.
Son ombrelle cramoisie est fermée dans sa main droite. Il pointe l’inconnu avec et son sourire s’étire. Sa voix est faussement amicale.

« Dis moi, qui es-tu et pourquoi est-ce que tu m’espionnes ? Ca n’est pas très poli tu sais. »

C’est qu’il aime sa liberté, notre Chikkou, et qu’il n’aime vraiment pas qu’on l’observe de la sorte.
Il sourit, mais son regard est honnête : il n’apprécie pas cet homme.

Chikkou se tient donc là, sur le toit, narine retroussée et poing fermé, prêt à faire un massacre… Mais ce qu’il entend change la donne. Il… Il ne comprend pas, purement et simplement.
Son coéquipier ? Et qui désire se battre en plus de ça ?  Pourquoi faire ?
L’angoument de Mayuri n’atteint pas Chikkou, et cela n’est pas très étonnant quand on y pense : Chikkou n’aime pas se battre, et je crois bien qu’il n’aimera jamais.
Alors Chikkou observe le clone de son futur coéquipier se dissipe et Chikkou ne finit par dire qu’un simple :

« OK ? »

Sans réelle conviction.
Notre champignon ne comprend pas : pourquoi veut-il l’affronter ? Ça n’a aucun sens.
Il passe la journée suivante sur la question, mais refuse de rejoindre Mayuri. Il ne se battra que s’il y est contraint.
Il arrive à l’heure au rendez-vous du surlendemain. Il observe son coéquipier tandis que le scientifique arrive.
C’est un homme visiblement simple – pour un docteur – et prompt à la conversation.
Chikkou sourit à l’homme et entame :

« Je suis Kinoko Chikkou et voici mon partenaire, Hizori Mayuri, enchanté de faire votre connaissance. »

Il s’incline légèrement et l’homme éclate de rire :

« Oh non, non. Pas de ça entre nous. Nous allons passer un petit bout de temps ensemble, alors pas de vouvoiement s’il vous plaît. Faisons en sorte que cela soit agréable pour tout le monde, vous êtes d’accord ?
— Évidemment. »

L’homme tend la main droite et, honnêtement heureux que cela se passe ainsi, Chikkou l’empoigne.
L’accord est scellé.
Reste à savoir si Mayuri va encore essayer de l’affronter au cours de leur mission.
Notre champignon national n’apprécierait pas, je pense.
M’enfin.

Les deux shinobis et le docteur se mettent donc en route pour la Vallée écarlate et Chikkou, plus aussi confiant qu’avant dans la population des dunes, étend un mur dôme de spore autour d’eux.
Juste au cas où.

Notre Chikkou s’est enorgueilli de la réaction du professeur Hasegawa. Vous vous doutez qu’il s’est enorgueilli, n’est-ce pas ? Vous commencez à le connaître, notre Chichi national.
Il n’a rien dit, son esprit concentré sur la sphère, et la marche a commencé.

Il fait beau, il fait chaud – beaucoup trop chaud – et, son ombrelle calée sur l’épaule, il avance et écoute son camarade.
Comprenez bien qu’à cet instant précis, notre champignon n’a absolument aucun ressentiment à l’encontre de l’Hizori. C’est plutôt un coup manqué, une tentative d’échange selon des codes incompatibles. Rien de plus.
Il l’écoute donc et, lorsqu’il a fini, Chikkou lui demande.

« Tu connais du monde à Rôran ? J’avoue ne jamais y être allé… » Il se gratte les cheveux, visiblement gêné, et sourit à Mayuri. « Du coup bien joué !
— Tu n’es jamais allé à Rôran, Chikkou ?
— Bah… Non ? »

Le docteur regarde Chikkou, visiblement surpris, notre champignon s’imagine déjà devoir expliquer ses racines.
Il sourit, soupire faussement et entame :

« C’est que je suis un Yamajin, à la base. Alors j’ai visité pas mal d’endroits à l’ouest du yuukan, kaze inclus, mais…
— Oui non c’est bien. »

C’est autour de notre champignon d’être surpris. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Il observe le scientifique qui lâche son sac, sort un carnet et le feuillette rapidement.
Le Kinoko se tourne vers son coéquipier, de l’incompréhension lisible dans le regard. Il essaye de lui dire quelque chose comme « Mais il est taré ou bien ? » par le regard, tandis que le scientifique marmonne dans sa barbe.

« Oui… Non… Attendez… MAIS OUI C’EN EST UN ! »

Il pointe du doigt une dune sur leur droite et, de son autre main, fait une visière au-dessus de ses yeux.

« Vous voyez la bête là-bas ? C’est un hamster sablé, » le nom résonne dans l’esprit de Chikkou : il connaît, ça. « le régime favori des fennecs albinos…
— Et vous voulez qu’on en capture plusieurs ?
— Plusieurs ? Aha. HAHAHAHAHA. »

L’homme rit si fort que Chikkou se joint à lui. Pourquoi rit-il, il n’en sait rien. C’est une question pour plus tard, une question qu’il se posera lorsqu’il aura attrapé l’une de ces rougeurs…
Comment connaît-il ces rongeurs, d’ailleurs ? L’interrogation tourne en boucle dans son esprit tandis que le hamster les remarques.
La bête approche et grossit… Elle était vachement loin en fait !

Le hamster approche encore, dévoile d’innombrables cicatrices sur ses gigantesques joues. C’est un colosse… Chikkou se souvient alors des mots d’Otto, à l’époque… Il les répète malgré lui :

« Les hamsters sablés sont les gardiens de la vermine du désert… Ils sont immenses et belliqueux, mais en vaincre un c’est s’attirer le respect de tout son peuple… »

La bête n’est plus loin, quelques dizaines de mètres tout au plus. Elle doit faire deux fois la taille de Chikkou – qui est pourtant déjà grand.

« Oh la putain de sa… »

Il lance son sac au pied du professeur et, d’un regard, invite Mayuri à faire de même.

« Restez en retrait professeur, on s’occupe de lui. »

Il inspire, se rapproche de son coéquipier.

« Il ne faut surtout pas le tuer, il pourra nous être utile. Tu préfères l’attaque ou la défense ? Je peux gérer l’offensive, mais tu préféreras probablement m’avoir en soutien. »

Il sourit, détourne le regard de la bête vers Mayuri et lui fait un clin d’oeil.

« On voit celui qui prend le moins de coups ? »

Il ferme son ombrelle, la cale à sa ceinture et, les paumes ouvertes, il se met en garde.
Ils vont le capturer, ce rat géant. Parole de champignon.

HRP:

Chikkou inspire, expire.
Il s’imprègne de la bataille à venir tandis que la peluche titanesque s’approche. Cela va commencer, il le sent.
Notre champignon observe son allier entamer un arc de cercle et décide donc de s’approcher. Multiplier les axes de déplacement fait partie de la base de l’affrontement en équipe, et Chikkou le sait. Il inspire de nouveau.
Il agira juste après Mayuri, de sorte à cueillir le hamster alors qu’il esquive.
L’Hizori s’élance, Chikkou lui laisse une longueur d’avance avant de partir dans la même direction. Ils doivent se synchroniser, mais garder un cran de décalage. Ça, cette gestion du timing, elle revient au champignon. Il en a conscience. Il est le soutien, celui qui affaiblit pour créer l’ouverture.

Mayuri frappe, le hamster esquive en partie. Ou plutôt il encaisse : son poil est épais, dru et solide, si bien que les assauts contondants ne seront peut-être pas les plus adaptés.
Mais ça n’est pas grave. Ça n’est pas un raté. Au contraire même !
Il malaxe son chakra, compose de rapides mudras : « Genteiteki eki ! » ; et crache un épais liquide blanchâtre et visqueux. Le hamster se vrille et n’évite encore une fois fois qu’une partie de l’assaut.
Chikkou sourit : les pattes avant de l’animal sont enduites.

« C’est du mycélium. Ça pègue. Moins de risque qu’il s’échappe. »

Notre champignon se reconcentre : la bête l’a mauvaise, et après lui en particulier. À sa manière d’agiter les doigts, notre bon vieux Hubert le Hamster n’aime pas les liquides, encore moins ceux qui réduisent sa motricité.
Hubert s’énerve et charge entre les dunes.

« J’encaisse et tu enchaînes ! »

Il ne laisse pas place à une réponse, compose deux fois la même série de mudra et souffle des spores vers ses mains : « Taketate ». Les avant-bras de notre kinoko sont occupés l’instant d’après par de gros champignons en forme d’écu.
Comme ça ne sont pas des défenses, il bondit en arrière au moment où le crâne de la bête le frappe. Il accuse le coup en volant sur quelques mètres. Chikkou se relève, légèrement sonné, et voit son œuvre : le hamster pousse de petits cris effrayés et se gratte la tête à l’endroit précis où les écu-champignons ont été écrasés.

« MAINTENANT ! »

La diversion est parfaite, l’animal ralentit.
Ils ne l’achèveront peut-être pas à cet instant, mais ils pourraient lui imposer le respect et, qui sait, le dresser ?

Techniques utilisées:

Chikkou est en attente et, contre chacune d’entre elles, Mayuri plonge sur Hubert. L’animal se débat. Il veut entamer un rodéo, mais des membres de sable viennent l’entraver.
Chikkou inspire : les Hizoris sont incroyables.
Il observe son camarade, l’écoute.

Dompter la bête ? L’idée plaît à notre champignon. Cela serait un plus à son cv. Il s’y voit déjà « Chikkou, dompteur de hamsters géants »… Et peut-être que vous trouvez ça ridicule, mais Chikkou, par un biais cognitif que je ne comprends pas, il trouve ça sincèrement cool.
Alors il sourit à cette renommée future et marche vers son destin – Hubert.
Il s’approche, le regard fier, déterminé, et ne s’arrête que lorsque son visage est à quelques centimètres de la gueule d’Hubert.

« Bonjour, Hubert.»

Hubert hurle.

« Nous sommes Chikkou et Mayuri…
— Et Hasegawa ! »

Notre champignon sourit en entendant le cri du professeur. Il l’avait oublié, celui-là.
Il inspire, reprend.

« Nous sommes Chikkou, Mayuri et Hasegawa. »

Hubert hurle et Chikkou hésite.

« Nous serons tes dresseurs désormais. »

Hubert… Hubert.

« Si tu es d’accord, cligne des yeux. »

Hubert hurle, se débat et Chikkou n’est pas sûr de ce qu’il doit faire. C’est que parler avec un hamster n’est pas une tâche aisé. Ils ne sont pas loquaces, nos amis les rongeurs.
Notre champignon ne voit pas l’issue de tout ça, et c’est à ce moment, au moment où Chikkou ne pense pas à l’évidence, que le professeur hurle.

« MAIS DONNEZ-LUI À MANGER BON SANG ! »

Chikkou s’immobilise, se tourne vers Hasegawa qui lui semble plus que dépité d’avoir du annoncer l’évidence même.
Bah oui, Chikkou, donne-lui à manger à Hubert. Le pauvre.

« Tu as faim ? »

Hubert ne hurle pas, mais un éclat d’envie paraît dans son regard vide. Il a compris et, comme Chikkou en est certain, il fait apparaître un champignon de la taille d’un enfant entre eux.
Le hamster sniffe l’air, hume les spores, racle le bonnet du champignon de ses dents. Oui, ça lui semble convenable. Il le dévore, regarde de nouveau Chikkou, qui crée un nouveau champignon avant de faire un pas en arrière.

« Mayu, lâche un peu l’étreinte, on va faire un test. »

Chikkou recule un peu plus, crée un champignon et répète l’opération.
Hubert suivra-t-il ? Sera-t-il le quatrième membre de ce groupe hétéroclite ?

Il réagit ! Hubert mange un premier champignon, aime le goût et continue. Mayuri relâche visiblement l’étreinte puisque la bête continue d’avancer tranquillement.
Hubert aime bien manger visiblement, et Chikkou sourit. Son visage s’illumine par une si petite victoire. Il sera bel et bien le dompteur de hamster de Suna et, même si les invocations ne l’intéressent pas le moins du monde, bah c’est déjà ça.

Notre champignon lève les yeux vers Mayuri tandis que le professeur s’approche.

« Une laisse ? Pour quoi faire ? C’est notre pote Hubert !
— Vous devriez au moins… »

Chikkou se retourne vers le professeur, articule au possible.

« C’est notre pote. »

Le professeur soupire tandis que notre Kinoko national flatte le front de son nouvel ami.
La fierté est grande, chez notre shinobi. Si sa mère avait su qu’un jour il dresserait un hamster géant, elle aurait été encore plus fière que ce qu’elle l’était déjà.
Hasegawa se racle soudain la gorge avant de prendre la parole.

« Non, Mayuri, ils ne se déplacent pas en groupe. Et, de mémoire, ils sont farouches, mais peuvent nouer des liens puissants. »

Il inspire, hoche la tête devant l’air joyeux de Chikkou. Ce dernier se tourne vers son camarade.

« Bah tu vois ! C’est pas un appât : c’est notre pote ! »

Il n’en démord pas, il n’en démordra jamais. Il lance d’ailleurs une oeillade à Hubert qui squik avec conviction.

« Bah ouais Hubert, ils comprennent pas, mais faut pas leur en vouloir ! »

Hubert squik de nouveau et Chikkou lui offre un champignon.
Il réfléchit alors un instant, qu’en est-il de la suite ?

« Hubert, tu peux nous porter tous les trois ? »

Chikkou pointe du doigt Mayuri, puis le professeur, et enfin lui-même. Il met alors son bras gauche devant lui et, de son index et majeur droit, mime un déplacement.
Hubert semble réfléchir, lui aussi. Il ne comprend pas, mais, dans le doute, il squik.

« Parfait ! » Chikkou serre le poing sous la victoire, lui donne un nouveau champignon. Oui, Hubert sera obèse. « Bon bah y’a plus qu’à ! Venez professeur, je vais vous aider à monter.
— Tu es sûr, Chikkou ?
— Évidemment. »

Le professeur hausse les épaules. Il a bien compris que Chikkou est trop convaincu pour douter.
Il s’approche, Chikkou l’aide à grimper derrière Mayuri avant de faire de même.

« Bon bah y’a plus qu’à charger vers Roran du coup ! »

Voilà donc notre quatuor prêt, d’autant que, grâce à Hubert, ils allaient boucler le trajet beaucoup plus vite ! Et pour la direction... Chikkou la laissait à son nouveau camarade - Mayuri, pas Hubert.

 

 

Rôran en vue

Après avoir de manière plus qu’originale dompté l’animal sauvage à coup de champignon, le trio devenu quatuor pue se remettre en route. Au début, Mayuri n’était pas certain pour le rat géant, mais faire confiance à son équipe était tout aussi primordial que de survivre dans le désert.

Gardant le silence, le roux fit de son mieux pour manœuvrer leur nouvelle monture. Bien entendu, ce ne fut pas un énorme succès pour commencer, mais suivant l’idée du Docteur, Chikkou fournit un nouveau champignon que le conducteur plaça au bout d’une perche télescopique fournie par le scientifique. Avec un appât au bout, guider l’animal fut plus que simple tout d’un coup.

-En direction de Rôran alors.

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Le reste du trajet fut étrange, mais effectivement plus rapide à quatre pattes et la silhouette de la ville se découpa rapidement à l’horizon. Passant la perche au bon docteur, le roux se retourna vers Chikkou pour lui expliquer le reste du chemin.

-Tu vois cette tour d’observation ? Continuer vers la gauche, vous verrez les fermiers et l’endroit le plus sécuritaire pour loger notre nouvel ami. Je ne sais pas comment les chameaux vont réagir, mais je te fais confiance… De mon côté, je vais partir assurer notre logis pour la nuit, chercher l’Auberge des mille vents. Je vous y retrouve après avoir parlé avec les gens qui s’occuperont de nous. Question ?

Toujours confortablement assis sur leur ami à fourrure, le ninja attendait leurs approbations avant de partir retrouver sa famille, car bien qu’il est omis ce détail, c’est chez les Hizori qu’il demanderait asile pour leur voyage.

Etrange ? La fin du trajet ? Oui, n’importe qui l’aurait dit.
N’importe qui aurait trouvé que voyager à dos de hamster est anormal, que se caler dans des plis de poil et de gras n’est pas digne d’un shinobi, de l’armée de défense de l’une des trois grandes puissances du yuukan.
Mais – vous vous en doutez, hein – pas Chikkou.

Notre champignon a passé son temps à écraser le professeur de questions pour en savoir plus sur leur nouvel allié.

« Et donc Hubert mange quoi,à part des champignons ?
— Eh bien… Ils sont connus pour manger pas mal de végétaux, quelques petites bêtes et, rarement, des chameaux.
— Des quoi ? »

Et le professeur lui a expliqué que, oui, il était possible qu’Hubert ait déjà mangé des chameaux s’il avait déjà été affamé.
Chikkou a rit à gorge déployé à ce moment là, imaginant le hamster poursuivant des chameaux et leurs marchands aux quatre coins du déserts…
M’enfin, ils arrivent bientôt en vue de Rôran et Mayuri déploie la marche à suivre.
Chikkou hoche la tête : à gauche, puis direction l’Auberge des mille vents.

« OK, on se retrouve là-bas. »

Il salue son camarade, attrape la perche télescopique et prend sa place à la direction.

« Allez Bebert, on va te ranger avec d’autres… »

Il ne finie pas sa phrase. Est-ce vraiment la meilleure des idées ? Hubert se nourrit de chameaux. C’est rare, mais cela arrive. Et s’ils sont sa friandise préférée, ce met rare qui, lorsqu’il en trouve, le rend a moitié fou ?

« Professeur, est-ce qu’Hubert risque de dévorer tous les chameaux de la ferme où nous le laisserons ?
— Eh bien… Tous, non. Je ne pense pas. Mais peut-être un ou deux pour une collation nocturne. »

Chikkou bat des paupières, se penche en avant pour constater un filet de bave qui coule au coin de la gueule du hamster et que son regard, plein d’étoiles et de faim.

« Et comme j’suis Chikkon, j’l’affame. Ok stop. »

Il relève la perche, Hubert squik. Pourquoi lui enlève-t-on sa friandise ?

« Il vient avec nous à l’auberge.
— Mais Mayuri a dit…
— Oui, oui. Je sais bien ce qu’a dit Mayu. J’étais là… Sauf qu’on va tous se faire engueuler si des gentils fermiers se retrouvent à perdre leurs bêtes parce que j’ai voulu un animal de compagnie. »

Et il imagine déjà ce qu’il va se passer. Il se voit déjà réprimandé par la Kazekage, il se voit forcé de retourner à l’académie des aspirants qu’il a pourtant esquivé quand il est arrivé à Suna. Non. Non non non.
Que dira-t-il à Rise quand elle constatera qu’il n’a plus son bandeau ? « Oh bah tu sais, j’avais une mission de recherche et a un moment on a libéré un prédateur dans une ferme de Rôran, rien de fou, rien de haha… »
Notre champignon rougit de honte et réoriente la perche pour amener Hubert vers la ville. Et puis au pire il dormirait dehors, à la belle étoile.

Il n’écoute pas vraiment les contestations d’Hasegawa et réoriente la bête.
Une fois devant les portes, un garde les arrête.

« HALTE !
— Haha… »

Le garde, un petit homme trapu au regard méfiant avise d’abord Hubert. Ces créatures ne sont donc pas une légende. Il lève ensuite les yeux vers le haut de la monture et voit un Chikkou plein de gêne et se grattant les cheveux.

« Eh bien… Je suis Kinoko Chikkou et je… Je suis en mission pour escorter le monsieur derrière moi et…
— Et le rongeur ? »

Chikkou réfléchit un instant, flatte le front de Hubert, qui squik.

« C’est notre pote Hubert, il va nous aider dans notre mission. Il va nous servir d'appat. »

Hubert semble comprendre le terme puisque qu'il squik particulièrement fort, ce qui fait reculer le garde.

« La ferme, Hubert. »

Grand sourire, regard le plus assuré possible.
Cela va-t-il passer ?

Le garde les observe un instant. Il n’est pas sûr de ce qu’il doit faire. L’animal ne semble pas dangereux, les deux hommes sur son dos non plus. D’autant plus que le garçon porte le bandeau de Suna.
Il soupire, va pour répondre, mais le professeur le prend de court :

« Si cela peut vous aider, voici la demande que j’ai faite pour bénéficier de cette escorte. Comme vous pourrez le voir, le sceau de la kazekage s’y trouve, preuve indéniable que c’est une mission officielle. »

Chikkou se doute bien que le papier n’est jamais passé entre les mains de sa cheffe… C’est un secrétaire, ou un chargé des missions, qui a tamponné l’ordre.
Mais c’est suffisant, largement suffisant.
Le garde ne prend même pas le papier, il se recule simplement. Il leur ouvre une porte qui n’existe pas.

« Allez-y. »

Le trio se remet donc en route. Roran n’est pas… Disons qu’entre la chaleur de plus en plus étouffante en ce coeur de désert, et l’aspect peu accueillant de la cité, notre champignon ne trouve pas grand-chose à la cité.
Il se doute bien qu’il doit y avoir de la vie, des fêtes, des choses à faire et à voir… Mais ça ne l’emballe pas vraiment.
Ils avancent dans des rues vides lorsqu’apparaissent, au carrefour de deux avenues, Mayuri et ce qui semble être une proche.

La jeune femme hurle de joie en voyant Hubert, qui squik puissamment. Chikkou, lui, ne peut que se boucher les oreilles.
Un léger sifflement les habite encore lorsque Mayuri reprend la parole.

« Kinoko Chikkou, enchanté. »

Notre champignon sourit, porte une main vers son coeur et s’incline légèrement. Le respect est de mise lorsque l’on parle à la famille d’un camarade, et notre Kinoko national le sait bien.
Il descend d’Hubert pendant que le professeur se présente.
Il jette un regard à Hubert, puis Romuru.

« Tu veux monter ? »

Il lui sourit, avant de se tourner vers son coéquipier pour souffler du nez, amusé.

« Tu ne nous avais pas dit qu’il s’agissait de ta famille. »

Il va pour ouvrir la marche, égal à lui-même. Non, Chikkou ne sait pas exactement où il va, mais il sait que Mayuri et Romuru sont venus par cette rue-ci, alors ils iront forcément tous par là. C’est évident.

« C’est l’auberge qui est à ta famille ? »

Une question simple, innocente. De quoi, discuter légèrement le temps du trajet.
Et pour être tout à fait honnête, Chikkou a plutôt hâte de rencontrer la famille de Mayuri.

Chikkou et le professeur n’ont effectivement pas demandé… Mais quand même ! Notre champignon ne s’était pas attendu à rencontrer toute la petite famille de son nouveau camarade. Enfin, qu’importe.
La mention d’une base d’opérations pour nomade fait d’ailleurs tiquer notre champignon.

« Vraiment ? Je n’y ai pourtant jamais mis les pieds… »

La remarque est plus pour lui que pour quiconque d’autre… C’est qu’il a beaucoup nomadé, notre Chikkou, et c’est bien la première fois qui vient à Rôran. Il en est certain. Peut-être la vieille Jijin lui en a-t-elle déjà parlé, ou encore Otto ou Kamina, mais ça ne lui dit vraiment rien.
Rien de plus que l’équivalent d’un bruit de couloir.

Le champignon suit Mayuri au travers du dédale et, lorsqu’il s’arrête, Chikkou arque un sourcil. A-t-il vraiment cru qu’il ne le suivrait pas ? N’a-t-il pas encore saisi la curiosité, parfois maladive, qui habite le Kinoko ? Visiblement pas.
Chikkou le regarde, penche la tête sur le côté et sourit.

« Évidemment que je viens avec toi. Aucun problème avec ça, docteur ?
— Non. Je vais en profiter pour établir un plan de recherche pour demain. Amusez-vous bien, et souvenez-vous que nous partirons à l’aube ! »

Chikkou hoche vivement la tête pour toute réponse, avant de se tourner vers Hubert.

« Et qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de toi ?  »

Hubert, par habitude, squik. Ah oui ! Cela fait un moment qu’il n’a pas eu de friandise.
Chikkou se concentre donc, fait apparaître un nième champignon, sensiblement plus gros que les précédents, et le tend à Hubert.
Le hamster le dévore et squik de nouveau. Parfait.

Chikkou lève alors les yeux vers la sœur de Mayuri.

« J’ai bien entendu ce qu’a dit ton frère, m’enfin : on peut te faire confiance pour la gestion d’Hubert, hein ? »

Il la fixe. Il la scrute presque en l’attente d’une réponse.
Pour la suite, il s’en réfère à Mayuri : comme ils sont chez lui, c’est à lui de mener la danse.
Du moins le temps des présentations.

À table

Une fois à l’intérieur, Mayuri enleva ses sandales ninja et invita ses invités à faire de même. Prenant place à la table de la salle à manger, celui-ci commença d’abord par faire le minimum des présentations. Étant eux même Shinobi, les parents de Mayuri ne posèrent aucune question en lien avec la mission, comprenant bien qu’une information vaut son pesant d’or, ils se remuèrent pour servir un repas digne d’une belle aventure. La demeure était modeste, mais chaleureuse, un comptoir de granit avait été installé pour séparer la cuisine de l’endroit désigner pour les rassemblements, puis un corridor donnait accès aux chambres de l’étage. De grandes fenêtres arpentaient chaque mur, si bien que l’endroit donnait l’impression d’être une serre, mais la collection de cactus amassé au cours des années par la petite, n’étaient pas à la hauteur de toutes ses entrées de lumière.

Une fois bien attablé, s’étant assuré que personne ne manque de rien plus d’une fois, la mère leva son verre pour porter souhaiter bon voyage à son fils.

-Que votre traversée dans le désert se passe sans problème ! Je suis certain que le sable sera clément dans les prochains jours !

Ayant déjà commencé à attaquer son repas, le père qui s’étirait pour attraper un plat de salade, détrompa la petite prière de sa femme.

-En fait, j’ai entendu dire qu’une tempête arrivait de l’ouest, si vous êtes chanceux, vous devriez la voir passer de loin, mais ici, on ne sait jamais ! Vous repartez dans quelle direction ?

-Nous prendront la route du pèlerinage. Je compte rejoindre notre destination finale dans deux jours maximum, mais un arrêt au temple nous permettra d’économiser nos forces et d’amasser des informations sur la zone viser. Bref, nous repartons demain à l’aube.

-Je vois. répondit la mère en donnât un coup de coude à son mari pour qu’il retrouve ses manières. Et toi Chikkou, tu ne me dis rien et je suis la vigie de cette oasis, n’es tu jamais passé par Rôran dans le passé ? Ou peut-être cela fait-il si longtemps que l’enfant devenu homme puisse tromper mon regard ?

La patronne avait toujours eu les mots, pour mettre en confiance, mais également obtenir l’objet de son désir. Mais de son côté de la table, le roux aux cicatrices tendit l’oreille. Attentif à la réponse de son ami. Après tout, il ne connaissait pas grand-chose à son sujet non plus.

Ils pénètrent la demeure – l’antre de l’Hizori, si l’on peut dire. Les lieux son simples, mais particulièrement vivant.
Chaque mur, chaque meuble, chaque fenêtre semble être gorgée d’histoires, de disputes, d’éclats de rires. Chikkou sent bien qu’il y a de la vie, ici, que ça n’est pas qu’une maison de passage, au contraire de celle de sa mère à Nomura.
Il ôte ses chaussures à la demande de Mayuri et le suit dans la maison.

La mère de l’Hizori sert, ressert et reressert tout un chacun, comme dans la crainte qu’ils ne mangent pas assez, qu’ils n’osent pas tendre le bras pour attraper l’un des nombreux plats.
Le toast fait sourire Chikkou, l’intervention du père le fait carrément rire.

« Ah non, pas encore une tempête. S’il vous plait ! »

L’histoire de pèlerinage le dépasse complètement, mais il attend un peu avant d’en parler.
La mention du temple ternit à peine le regard de notre champignon. C’est là bas que repose la vieille Jijin. Il essaiera de passer la voir, s’il en a le temps.
La question de la mère le ramène vite parmi les vivants.

« Hein ? Non, je ne suis jamais venu ici. Je suis originaire de Yama, au nord, et, bien que j’ai passé une dizaine d’années à nomader avec des convois marchands, je n’ai jamais mis les pieds ici. »

Il réfléchit un instant : peut-être que les marchands ne se sont jamais arrêté ici car ils n’en voyaient pas l’intérêt. Ah moins que leurs marchandises ne soient pas adaptées à la cité. Il ne sait pas, n’y réfléchit pas trop.
Il se tourne alors vers son camarade :

« Mayu’, c’est quoi cette histoire de pèlerinage, au fait ? On a une tradition chez les Kinoko – le Chemin verdoyant – qui consiste en un pèlerinage vers la source de notre clan, Hi no Kuni et les sylves abyssales… Mais on n’a pas vraiment le droit de venir avec un étranger au clan. C’est quelque chose de similaire, ou ça n’a rien à voir ? »

La curiosité de Chikkou revient, s’affiche sur son visage en un sourire intrigué.

Un passé au apparences sombres, mais pourtant très clair

Au moment où le champignon aborde le sujet du pèlerinage, les parents gardent le silence, bien évidemment, la question fut dirigée vers leur fils, il en revenait donc à lui de choisir jusqu’à quel point il entrerait dans les détails.

-Tu sais, je crois que chaque clan qui se respecte possède des tas de secret, mais pour celui-ci, ce n’est pas grave, je veux bien te révéler l’une de nos traditions.

D’un air sérieux, le roux pose une main sur ses cicatrices, Tora… Il se souvient de cet enfant si joyeux…

-Chaque enfant Hizori, dois quand le temps se présente, faire un pèlerinage jusqu’au temple d’Amaterasu. Le tout ne tourne pas vraiment autour de la religion voit tu, les enfants sont envoyés seul, en pair ou en groupe, mais la seule chose qui est certaine, c’est qu’un Hizori n’y échappe pas. Vois cette épreuve comme l’appel du désert.

Écoutant ses paroles, une ambiance douce s’impose. Les parents se regardent et fondent l’un pour l’autre, leur histoire d’amour remonte à cette traversée. Sa sœur y trouva son premier animal de compagnie, son premier pacte et lui, y perdit un ami, un frère d’armes.

-Chacun de nous y trouve un signe, une révélation, pour certains. Dit-il en pointant de son autre main ses parents. On y trouve l’âme sœur, alors que d’autres y trouvent une vocation. Dit-il en levant son œil encore découvert pour faire référence à sa sœur encore avec Hubert.

Marquant une pause, sa main s’approche de l’une des bougies sur la table et il la rapproche de manière à la placer sous son menton.

-D’autres y sont maudits.

Finit-il par dire en révélant les marques laissées par son histoire passée. L’atmosphère s’assombrit un instant, puis l’hizori créateur de silence s’excusa poliment avant de quitter la table en direction du toit. Le père de celui-ci pose une main ferme sur l’épaule du Chikkou, l’invitant avec l’un de ses grands sourires à rester avec eux. Attendant que son fils ne soit rendu sur le toit. Il reprit l’histoire.

-Tu sais, tu n’as rien fait de mal, mais chaque fois qu’il doit parler de cet événement qu’il ne voit pas d’une manière négative, il prend un moment pour honorer le passé. Voit-tu, le village était en besoin de ninja et retardant son pèlerinage, il due encaisser quelques années de plus pour le bien de tous, mais quand vint enfin le temps de s’en remettre au désert, il y perdit son compagnon, arrivant seul au temple avec le corps inerte de son meilleur ami.

Marquant à son tour une pause, c’est cette fois la mère qui reprit.

-Mayuri en revint changé, nous avons trouvé l’amour et certain y trouve des merveilles encore plus éclatantes, mais pour un jeune enfant, il y eut effectivement une période de questionnement, mais la volonté de notre fils tire tout son sens de ses marques qui balais son visage jour après jour, c’est l’œuvre du désert. Un signe qu’il ne put interpréter autrement… Chez nous, quand un Hizori s’en remet à la puissance ultime, qu’il cherche son destin et en ressort seul survivant, c’est à la fois une malédiction, mais le plus grand honneur.

Le père du roux termina comme si le duo était en parfaite synchronisation.

-Le désert lui parla, comme il nous parle tous lors de cette épreuve... Il lui demanda de ne plus jamais échouer, d’être le gardian de celui-ci et des siens. Destiné à dédier sa vie à protéger le sable infini, tel est son destin…

Sous cette cruelle démonstration de force, le désert lui avait montré qu’il prenait aussi rapidement qu’il pouvait donner, il lui avait montré l’importance d’une vie, mais donné une raison de ne plus jamais échouer.

Le repas terminé, le couple se proposa pour nettoyer, invita le natif de Yama à retrouver son ami sur le toit et alors qu’il se relevait, la femme s’approcha de lui.

-Ne juge pas mon fils pour son passé, c’est un fardeau qu’il se doit de porter seul, quoi que peut-être trouverez-vous en ce bandeau qui vous unie une façon de créer un lien différent, je sais qu’il peut avoir l’air dur parfois, mais Mayuri possède un cœur et une dévotion aussi purs que la cruauté du désert. C’est un bon ninja qui jamais, ne trahira les siens, il s’en met simplement trop sur les épaules.

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Sur le toit, alors que les étoiles commençaient à s’éveiller une à une, le roux en position de méditation remerciait le désert de lui montrer sa voie, lui demandait des nouvelles de Tora, mais comme à l’habitude, une simple brise lui caressait le visage.

Il était temps de redescendre et de partir pour l’auberge et s’assurer d’obtenir des informations pour le lendemain.

Chikkou écoute avec attention les dires de son ami en devenir. Ça n’est pas comme le Chemin verdoyant, c’en est très différent. C’est un rite, un passage à l’âge adulte, de ce qu’en comprend  notre champignon.
Il écoute attentivement, mais il sent que quelque chose s’éteint en Mayuri au fur de ses paroles. C’est indistinct, comme une petite bulle qui s’échappe du fond de l’océan pour remonter lentement vers la surface.
Il parle de ses parents, de sa sœur… Chikkou veut lui dire qu’il comprend ce qui arrive, mais les mots ne viennent pas. Mayuri doit le dire, juste une fois, pour que cela devienne réel.

Chikkou ne détourne pas le regard lorsque l’Hizori découvre son corps. Il n’en a pas le droit, ce serait cracher sur l’histoire du shinobi, et notre kinoko préférerait sûrement mourir. Ses sourcils sont affaissés et le fond de ses iris tristes, lorsque Mayuri sort.
Le père intervient, Chikkou hochement vivement la tête. Il a bien compris, inutile de le lui faire comprendre. Qui serait-il pour prendre telle liberté ?

Et Chikkou écoute l’histoire de son allié, ne dit rien. Mayuri n’a pas eu la chance du champignon, ce dernier le sent bien.
Il écoute quand même. La perte de Jijin n’a rien avoir avec la blessure que dépeignent les parents de  Mayuri. Les siens ont trouvé du bon, du vrai, dans ce voyage… Lui n’a qu’été écrasé par la réalité.
Chikkou ne sourit plus depuis de longues minutes.

« Pourquoi est-ce que je le jugerais ? Cette affaire ne me concerne pas, et elle a eu lieu bien avant que je ne le rencontre. »

Il regarde les parents, puis la sœur, se veut rassurant au possible.

« Son histoire lui appartient, pas à moi. Tout ce que je peux faire, c’est ne pas être un poids, et lui offrir un verre pour le soulager un peu. »

Il avale une gorgée de sake, grimace à peine. Il y prend goût, définitivement.
Mayuri redescend, ils sont sur le départ. Chikkou regarde de nouveau les parents de son camarade.

« Madame, monsieur, je vous remercie pour ce repas. C’était très agréable. »

Il sourit de nouveau avant de sortir.
Chikkou ne dit rien, au départ. Ça n’est pas comme s’il n’osait pas, loin de là. Il sent simplement qu’il faut laisser du temps à Mayuri.
Il ne se prononce que lorsqu’ils arrivent à proximité de l’auberge :

« La première tournée est pour moi. »

Il ouvre la porte de la taverne, des sourires sont tendus à Mayuri. Il est l’enfant du pays, après tout.

Un verre, ou deux

Suivant la proposition de Chikkou et les chaudes salutations d’anciens camarades, le roux ne peut qu’acquiescer. Les portes battantes se refermèrent sur le duo.

Posant une main sur l’épaule du champignon, il lui répond donc tout sourire.

-Seulement si tu acceptes la deuxième !

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Hizori ayant grandi au sein de tradition différente, ne voit en son passé qu’une raison de devenir plus fort et malgré cette sombre histoire, en réalité rien de négatif. Simplement le cours de la vie. Il pénétra donc dans l’établissement sans penser au passé et trouva facilement les deux gardes qu’il avait croisés un peu plus tôt.

L’échange fut énergique, les rires fusèrent de bon cœur alors que l’un racontait comment il avait trouvé un jeune membre de l’oasis perdu, un autre arrivait avec une histoire d’amoureux ayant failli se perdre sous le regard fourbe de la lune et tous pouvais à la fois rire et se remémorer des moments ou le désert, bien que chaud et connue de tous, pouvais parfois se montrer imprévisible et dangereux.
Le reste de la soirée fut animé, mais respectable, les verres et chopes s’entrechoquaient à droite et à gauche, mais le ninja fidèle à ses habitudes ne dépassa pas sa limite. Malgré les bonnes intentions, les fanfarons de la place n’avaient absolument rien d’intéressant à leur signaler sur les environs sinon cette méchante tempête qui approchait, mais comme leur but était à porter de main, il se savait capable de parcourir la route jusqu’au temple en un claquement de doigts. Obtenir une monture s’était avéré plus qu’utile finalement. Le balafré nota quelque part dans sa tête qu’il serait d’ailleurs brillant d’exploiter cette idée pour un avenir meilleur, mais comme le temps s’écoule à une vitesse incontrôlable, l’heure du retour s’annonça.

-Rien de bien sérieux en vue partenaire, sauf cette tempête, mais nous ne devrions pas voir le désert s’éveiller avant quelques jours encore, je propose donc que l’ont retourne se reposer et profitons de se sursis pour se rendre au temple avant la tombé de la nuit prochaine. Avec notre nouvel ami, le tout devrait être possible et nous aurons plus de temps pour tenter l’impossible avec cet albinos.

N’étant jamais trop prudent, il préférait profiter de ses quelques jours d’avance dans un lieu qui lui permettrait de toucher la prime attribuée avec l’ordre de mission, mais le hasard est un vilain garnement et nul n’avait la moindre idée des chances reliées à cette trouvaille.

Heureusement, retrouver la maison familiale ne fut pas trop dur et tout en montrant la chambre du champignon, Mayuri dans le cadre de porte envoya un signe à son compagnon avant de bâiller. Ils se retrouveraient tous au premier rayon du soleil le lendemain matin.

Chikkou sourit : l’ambiance les absorbe rapidement. Ils rient, boivent un verre, un second et même un troisième.
Les amis de Mayuri amusent notre champignon. Les anecdotes volent, s’enchaînent et s’éteignent à un rythme si effréné qu’il n’en saisit pas la moitié. Celle qui se termine se confond avec toutes les autres, mais cela le fait bien rire.
La soirée se finit bientôt et les deux jeunes sortent de l’auberge en riant. Chikkou est plus qu’heureux de l’instant qu’il vient de partager, un instant qui l’a renvoyé au temps des convois et des longues nuits amusées.

Il écoute son partenaire, hoche la tête avec conviction.

« Ça va le faire, t’inquiète. »

Et se touche le nez, comme le faisait parfois sa mère :

« Foi de champignon. »

Chikkou n’a évidemment aucune idée de ce qui les attend, mais il a la conviction que cela ira. Que pourrait-il bien arriver de si grave à un Kinoko et un Hizori ? Je veux dire, à part une tempête de sable…
Ils arrivent rapidement chez l’Hizori et ce dernier montre sa chambre à notre Kinoko.

« Bonne nuit frangin. »

Dit-il avant de fermer la porte derrière lui et de s’écraser sur son lit. Il dort la minute d’après.

*

C’est peu avant l’aube que Chikkou s’est réveillé. À peine sorti de sa chambre, il a croisé le père de Mayuri, qui lui a bien gentiment indiqué la salle de bain.
Quelque cinq minutes plus tard, le champignon en ressort, propre au possible. Il rejoint le salon, son sac sur une épaule et son ombrelle fermée dans le dos, où il retrouve Mayuri.

La mère propose du thé et, même s’il n’est pas le plus grand fanatique de thé qui soit, Chikkou accepte. Il boit tranquillement, laisse à son allié l’occasion de profiter un peu plus de ses parents.
Notre champignon ne s’anime qu’une fois l’heure du départ très proche.

« Bon, Mayu, vu que c’est toi notre carte, et un peu notre boussole aussi, est-ce qu’il nous reste quelque chose à faire avant de partir ? »

Chikkou sourit : se sera une longue journée, mais moins que prévue grâce à Hubert.

« Et puis ils sont où, Hubert et le prof ? »