Tsuchi - Hiver, an 148 Une vingtaine de jours s’étaient écoulés depuis sa mort…
On avait inhumé son corps quelque part à Yuki, dans un lieu qu’elle appréciait particulièrement. Après quoi, je me vis contraint de dissoudre mon équipe, notre équipe, celle qu’on avait fondé il y avait de cela une dizaine d’années. En réalité, c’était plus qu’une équipe, c’était ma famille. Aussi, je comprenais parfaitement l’incompréhension des uns et des autres lorsque j’eus annoncé cette nouvelle, seulement il le fallait, pour leur bien, et même s'ils en doutaient, ce n'était que temporaire…
Je me trouvais désormais sur la route vers Tsuchi, il me fallait en effet rencontrer une certaine personne avant de partir pour Kaminari. Il était important qu’elle sache la vérité, du moins que sa « marraine » n’était plus de ce monde, je lui devais au moins cela pour avoir embarquer Hanako dans mes aventures. Puis, j’étais persuadé que mon épouse elle-même aurait voulu que la Hougyoku et sa famille en soit informé.
Quoi qu’il en fût, j’atteignis ma destination après une demi-journée de marche. Je passais quelques temps au sein d’une grande ville, avant de me rapprocher d’une autre, bien plus proche du fief des manieurs du cristal. Je payais quelques personnes pour délivrer un message à Saxa, un message pour le moins mystérieux évoquant simplement un lieu et un souvenir. En le lisant, elle saura alors que je l’attendais au sommet de la falaise « éternelle », celle qui servait de cimetière à la branche à laquelle appartenait Hanako. Certains diront que ce n’était peut-être pas le lieu le plus approprié, personnellement je pensais au contraire que si, c’était l’endroit parfait pour en parler et rendre un dernier hommage à celle qui avait quitté son clan pour être la femme la plus « libre » au monde.
Quelques rares personnes venaient et repartaient, mais toujours pas le moindre signe de celle que j’attendais. Je me mis alors au bord de la falaise, rien que pour éviter d’être interpellé par une personne qui ne m’identifierait pas comme étant de leur. De loin, tout ce que les autres pouvaient voir c’était une silhouette encapuchonnée, donnant l’impression de méditer. Alors qu’en réalité, je profitais de la vue pour voir qui montait et descendait de la falaise. Puis, finalement, quelques temps plus tard, la voix de la princesse retentit quelques mètres derrière moi, me faisant naturellement me retourner pour lui faire face...
Saxa s'entraînait depuis l'aube. Depuis quelques semaines, l'adolescente passait le plus clair de son temps dans le dojo pour se changer les idées et extérioriser sa douleur. Il n'y a pas si longtemps de cela, la kunoïchi se faisait abandonner pour la deuxième fois, d'abord sa mère et maintenant ce garçon, Ikta. Ce garçon qui lui avait demandé de fuir avec lui et qui ne s'est jamais présenté lorsqu'elle l'attendait pour partir. La jeune femme s'entraînait au maniement de ses éventails et se perdait dans sa colère alors qu'elle rouait de coup le mannequin d'entraînement. Il lui arrivait même d'hurler et de pleurer. Heureusement, Saxa était assez jeune lorsque sa mère parti sans donner la moindre nouvelle et Kanato était là pour elle tout comme son père, elle se sentait en sécurité... Alors cette douleur fut plus facile à surmonter, contrairement à celle-ci... Un premier amour.
Saxa en avait déjà entendue parler, ces mêmes paroles qui reviennent sans cesse, qu'un cœur brisé est plus qu'une simple tristesse... Qu'on n'arrête jamais d'aimer cette personne et que ce sentiment on apprend à vivre avec, on ne l'oublie pas. Et bien Saxa comptait faire de son mieux pour parvenir à l'impossible et oublier. Elle s'abandonnait donc dans ses entraînements et son investissement en tant qu'Hougyoku et comme l'adolescente ne pouvait en parler à personne, elle devait trouver les moyens de passer à travers seule... C'est dans ces moments qu'elle aimerait avoir une mère, ou une amie comme Sakuya... Mais elle aussi, elle n'était plus là... Depuis le rituel où elle avait échoué... Heureusement, il lui restait toujours Hanako. L'adolescente aimerait tant pouvoir se confier à elle, elle comprendrait surement.
Midi arrivait rapidement et la kunoïchi qui s'était durement entraînée quittait le dojo en s'épongeant avec une serviette pour se rendre dans ses quartiers afin de se rafraîchir et s'habiller convenablement pour se prendre un bon repas en ville. Vêtue d'une tenue élégante, mais pratique pour une jeune kunoïchi de son âge, Saxa allait à l'un de ses restaurants préférer où elle mangeait seule comme elle en avait l'habitude, mais l'appétit ne lui venait pas, sa cuillère plongeait dans sa soupe et juste la regarder bouger lui donnait l'envie de vomir. Accoudée sur la table et la tête dans sa main, la demoiselle soupirait longuement en bougeant ses fruits de mer dans son bol. Elle relâchait la cuillère pour se contenter de l'eau citronnée devant elle avant de régler la facture et de partir.
Les épaules rabattues et la tête baissée, Saxa regardait ses pieds alors sans vraiment savoir où aller, elle n'avait envie de rien si ce n'était que de se coucher dans son lit et se cacher sous les couvertures pour pleurer un bon coup plutôt que de chercher à décapiter un mannequin avec ses éventails. Une voix venait attirer son attention, l'un des petits marchands du coin qui la connaissait bien l'appelait pour lui remettre un message avant de repartir vers son étale. L'adolescente fronçait les sourcils avant d'en regarder le contenue. « N'est éternel que les souvenirs qu'on laisse. » Un petit sourire se dessinait enfin sur son visage triste et ramenait un peu de lumière dans son regard. Saxa portait le message contre son cœur avant de le ranger dans sa poche et se dépêchait de prendre une petite boite de sucreries locales avant de sortir du village pour gagner la montagne.
Il s'agissait d'un étrange lieu de rencontre pour cette fois, mais on ne pouvait pas leur en vouloir d'être prudents. Car, on ne quittait pas le clan Hougyoku sans représailles. Presser de les revoir, la kunoïchi accélérait le pas pour monter cette grande montagne sur laquelle reposaient certains défunts de leur clan. En arrivant tout du haut, Saxa haletait en cherchant du regard les deux tourtereaux. Au loin, une grande silhouette lui tournait le dos et regardait l'horizon. La demoiselle balayait le plateau du regard. « Qu'est-ce que Raesthra fait seul ici ? » Se demandait l'Iwajin.
_On dirait que quelqu'un s'est égaré ! Lançait Saxa qui laissait s'échapper un petit rire alors qu'elle continuait de se rapprocher de lui. Lorsqu'il se tournait, la demoiselle lui tendait la boite de sucrerie en penchant la tête avec un grand sourire aux lèvres, elle fermait les yeux.
_J'ai pensé à vous et j'ai pris une boite de chez Miiko. La demoiselle passait une main dans ses cheveux pour se gratter l'arrière de la tête en le regardant de nouveau.
_Tu es venu seul ? J'aurais crue pouvoir voir Hanako... Saxa baissait les yeux pour regarder dans un coin en marquant une petite pause.
_Il y a quelque chose dont j'aimerais lui parler. Elle fronçait doucement les sourcils avant de hausser les épaules et revenir vers Raesthra en lui souriant de nouveau.
_Mais je suis contente de te voir aussi ! Comment tu vas ? Saxa ne se gênait plus pour le tutoyer puisqu'elle le voyait presque comme son oncle.
Tsuchi - Hiver, an 148 Une vingtaine de jours s’étaient écoulés depuis sa mort…
La voix me fit naturellement me retourner. C’était bel et bien elle, Saxa, qu’est-ce qu’elle avait grandi. Elle riait, puis souriait, dire que j’allais lui ôter tout ça dans quelques instants... Cela me donnait évidemment envie de me dérober, mais je ne pourrais me le pardonner, Hanako ne me le pardonnera pas aussi, c’était certain. Aussi, je m’efforçai d’afficher un léger sourire, retirant au passage ma capuche, en faisant quelques pas vers elle pour réduire la distance. C’était alors qu’elle me tendit la boite de sucrerie qu’elle s’était donné la peine de « nous » apporter.
« Saxa ! Comme le temps passe vite, tu ressembles à une vraie Kunoichi, désormais... » Finis-je par dire, d’un petit sourire amusé. « Merci, c’est gentil.. » Dis-je, en récupérant la boite de sucrerie.
Puis arriva naturellement la question à laquelle il fallait s’y attendre : pourquoi n’étais-je pas accompagnée d’Hanako ? Elle aurait voulu la voir, elle aurait voulu lui parler, comme à chaque fois que l’on revenait à Tsuchi, puisque c’était les rares moments où les deux Hougyoku étaient amenés à se voir. Aussi, j’étais forcément mal à l’aise, étonnant pour quelqu’un qui se targuait de contrôler parfaitement ses émotions ? Soupire.
« … Je me doute que ça te surprenne de ne pas la voir à mes côtés. Malheureusement, il lui était impossible de faire le voyage… De quoi voulais-tu lui parler ? Tu peux toujours m’en parler, tu sais, à moins que ce soit un truc entre filles ? Ahaha.. » Finis-je par dire, d’un léger rire, en me grattant légèrement l’arrière du crâne.
Je regardais brièvement de gauche à droite, repérant alors un petit banc qui fera parfaitement l’affaire pour causer.
« ... Disons que les choses n’ont pas été simples dernièrement, mais comme tu t’en doutes, c’est un peu le risque de notre métier. En tout cas te revoir ça donne directement la morale, y a pas à dire. Et toi, Saxa ? Tu es radieuse, j’imagine que tu t’es trouvée un petit ami, ou quelque chose comme ça, Aahaha ! Comment est-il et sinon où en es-tu dans ta maîtrise du shôton ?. » Fis-je, d’un air amusé.
Parler d’abord des choses joyeuses, c’était ainsi que procédaient les communs des mortels, me semblait-il… Bonne idée ou non, c’était fait.
Dernière édition par Raesthra le Mer 13 Jan - 19:27, édité 1 fois
La jeune femme se pavanait un peu alors qui la complimentait sur ses allures de ninja. Elle arborait un grand sourire fier et s'arrêtait devant lui un peu gênée. Raesthra lui expliquait vaguement qu'il était impossible pour Hanako de faire le voyage jusqu'ici... « Était-elle blessée ? Ou bien enceinte ? » Se demandait la jeune femme en voyant le petit air gêné de l'homme quand il se proposait comme oreille à la place de sa femme malheureusement absente. Sa réaction la faisait même rire. Ça lui faisait tellement de bien qu'on lui change les idées, avoir le sourire aux lèvres déjà, ça faisait quelques semaines qu'elle n'y arrivait plus. Saxa suivait Raesthra du regard avant d'aller le rejoindre sur le petit banc de bois.
L'homme lui expliquait que ces derniers temps, ça n'avait pas été facile pour eux, donc on pouvait oublier l'hypothèse du bébé qui s'en venait. Dommage, Saxa aurait été si heureuse pour eux, ils méritaient bien ce genre de bonheur. Lorsqu'il se mit à la complimenter, Raesthra lui demandait si elle avait un copain, son regard perdait un peu de sa lumière et son sourire laissait place à une moue de déception. L'adolescente détournait le regard et se penchait un peu vers l'avant en se retenant sur l'assise du banc... « Un petit ami... » Se répétait-elle en fixant l'horizon. La kunoïchi soupirait avant de se retourner vers son oncle de substitution.
_Ça... Ça n'a pas fonctionné... Se contentait-elle de répondre avec déception avant de lui sourire doucement pour détendre l'atmosphère.
_Mais mes entraînements se passent plutôt bien ! J'ai même commencé à apprendre à manier les éventails... Tu sais les cours de danse que mon père me forçait à suivre pour m'apprendre la grâce et la discipline... Et bien, maintenant j'en fais une forme de combat et j'adore ça !
Elle adorait surtout se défouler, ce qui n'était pas suffisant rien qu'en dansant, surtout que seulement danser la rendait émotive et c'était bien la dernière chose qu'elle voulait, être émotive. Pleurer sans pouvoir rien dire à personne, c'était trop difficile. Surtout que sa relation avec Ikta l'avait poussée à choisir entre lui et son clan et le choix que Saxa s'était résolue à faire ne ferait pas le bonheur des membres de son clan. Alors qu'Hanako, elle comprendrait et ne jugerait pas. Quoi que Raesthra non plus ne la jugerait pas... Il savait aussi bien qu'elles dans quel genre d'environnement s'épanouissaient les membres du clan Hougyoku. Mais ce clan était sa famille, son foyer... Saxa admirait le courage qu'avait eu Hanako pour quitter le clan afin de s'abandonner à une cause qui lui était cher.
_Raesthra. Prononçait l'adolescente qui regardait à nouveau l'horizon d'un air pensif. Comment s'est sentie Hanako lorsqu'elle est partie ? Saxa baissait la tête.
_J'ai failli partir moi aussi... En fait, la seule raison pour laquelle je ne suis pas ailleurs en ce moment c'est à cause de ce garçon... Et je me sens perdue... Malhonnête et sale. Elle relevait la tête vers le ciel.
_J'ai l'impression de ne pas mériter ma place auprès des miens parce que j'étais prête à tous les trahir pour les beaux yeux d'un étranger... La kunoïchi tournait la tête vers Raesthra d'un air triste.
Tsuchi - Hiver, an 148 Une vingtaine de jours s’étaient écoulés depuis sa mort…
Pourquoi était-ce aussi difficile ? Pourtant, ce n’était pas la première fois que je devais jouer au porteur de mauvaises nouvelles, et quelque chose me disait d’ailleurs que ce ne sera probablement pas la dernière. Toujours est-il qu’en cet instant je me sentais encore incapable de prononcer cette phrase. Pourtant, il le fallait… Je préférais toute de même prendre un peu mon temps, tenter de trouver le bon moment, même s’il paraît évident que pour ce genre d’annonce, il n’y avait jamais véritablement de « bon » moment. Ainsi donc, je me bornais à attendre, profitant pour l’heure pour en apprendre un petit peu plus sur la vie de Saxa. Je l’imaginais pour ne sais-je quelle raison épanouie, avec probablement un petit ami, et par ailleurs très avancée dans la maîtrise de son don héréditaire.
Cependant, comme le laissait penser son visage, après mes interrogations, j’étais loin du compte. En effet, elle me confia que ça n’avait pas vraiment fonctionné, chose qui semblait l’affecter bien plus qu’elle ne le laissait paraître. Mon sourire habituel s’effaça naturellement pour laisser place à un air on ne peut plus neutre, tandis que je la laissai poursuivre son monologue sans l’interrompre. Aussi, elle m’apprit qu’en ce qui concerne ses entraînements, cela se passait plutôt bien. Elle était même parvenue à manier les éventails, ainsi que de développer un style de combat propre à elle, inspiré de ses cours de danses. Voilà qui redonnait naturellement le sourire, même si ça n’effaçait pas la blessure qu’elle semblait avoir au cœur.
« … Je n’en attendais pas moins de toi. Félicitations, continue comme ça et tu iras loin, c’est certain. » Fis-je, d’un air fier.
Hanako disait souvent que Saxa ira loin, qu’elle la surpassera tôt ou tard et, mieux encore, qu’un jour tout son clan lui reconnaîtra cette chose spéciale qu’elle avait été la seule à voir chez l’adolescente dès son plus jeune âge. C’était peut-être encore un peu tôt, mais j’imaginais qu’elle devait être sur la bonne voie. Hanako se trompait rarement. Aussi, je ne m’inquiétais pas vraiment pour la petite, du moins pas sur ce plan. En revanche, restait la question de la personne qui lui avait, visiblement, brisée le cœur. Il fallait que j’en sache plus pour tenter de l’aider au mieux, afin que cela ne constitue pas un frein pour elle, même si en réalité je n’avais jamais été doué pour ce genre de choses. Seulement, alors que je m’apprêtais à l’interroger à ce sujet, Saxa me devança en m’interpellant d’un air visiblement pensif.
« … Oui, Saxa ? » Rétorquai-je, en tournant légèrement la tête vers elle pour lui signifier qu’elle avait toute mon attention.
Elle me demanda alors comment s’était sentie son aînée au moment de quitter les siens. Interrogation qui me rappelait que je m’étais pas mal écarter de mon objectif initial, à savoir celui de lui annoncer la mort de mon épouse. Alors que mon regard s’égarait vers l’horizon, la Hougyoku poursuivit en m’apprenant qu’elle aussi eût failli partir. Elle me partagea alors la raison qui l’avait finalement empêché de s’en aller, mais aussi ses sentiments à l’égard de tout ce qu’elle avait vécu dernièrement.
« … Que tout simplement tu es aussi humaine, Saxa… » Finis-je par glisser, d’un mince sourire. « ... Tu sais, on ne contrôle pas toujours ce qui nous arrive, encore moins ce qu’on ressent, malheureusement. Aussi, tu ne devrais pas raisonner de la sorte… » Ajoutai-je, en déposant délicatement ma main sur son épaule.
Elle avait visiblement failli quitter les siens de la même manière qu’Hanako, quelle ironie. Aussi, peut-être qu’étais-je très mal placé pour la conseiller à ce sujet, malgré tout je me devais de la faire relativiser, quand bien même cela change quelque chose ou non.
« … Tu sais, partir ne signifie pas forcément trahir les siens, c’est du moins ce que disait Hanako. J’ignore ce qui s’est passé avec ce garçon, mais si tu décides de voir cette expérience négativement, si tu es certaine d’avoir fait preuve de faiblesse et d’avoir manqué de peu de déshonorer ton clan, alors sers-toi de cette expérience comme une leçon pour te renforcer. Mais tu peux aussi voir cela autrement car, malgré les attentes de ton clan et tout ce qu’on te rebâche sur ton rôle et les valeurs partagées par les tiens, tu restes humaine. Tu peux et tu dois avoir tes propres rêves, peu importe si elles ne prennent pas en considération ton clan et les tiens. Maintenant tu peux décider de voir ce que tu as vécu comme une grossière erreur ou au contraire une expérience qui t’a appris des choses, bonne ou mauvaises, sur ta propre personne. » Repris-je, d’un léger sourire. « … Et aussi poses-toi la question suivante : qu’est-ce que tu ferais si tu revoyais cette personne ? Imagine qu’elle décide subitement de revenir dans ta vie, comment réagirais-tu ? S’il y a bien une chose que j’ai appris en ce bas monde, c’est que nous ne sommes jamais à l’abri des surprises… » Ajoutai-je, d’un air songeur.
Après tout, combien de fois Hanako avait tenté de me tuer avant qu’elle ne m’épouse ? Les siens l’avaient considéré comme une traitresse, pourtant elle n’avait jamais arrêté de penser à eux…
« … Elle était triste... Oui, Hanako s’est d’abord sentie très triste de devoir quitter les siens. D’ailleurs, à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, elle parlait de vous, avec toujours beaucoup d’enthousiasme. Contrairement à ce que tu dois penser, Hanako ne vous a pas abandonné à cause de l’amour qu’elle me portait, non loin de là. Non, ce qui l’avait poussé à partir c’était son rêve, celui de changer le monde… Un rêve totalement surréaliste qui ne verra probablement jamais le jour… » Conclus-je, en relevant la tête vers le ciel.
Les deux avaient les yeux rivés sur les chaînes de montagnes de Tsuchi et les plaines rocailleuses. Quelques nuages passaient devant le soleil, cachant ses rayons chaleureux. Au bout d'un petit moment, Raesthra prenait la parole. ''Que tout simplement tu es humaine.'' Ces mots la ramenait un peu sur terre... C'est vrai, elle n'était pas une statue de pierre sans cœur... Il était normal que la jeune femme fasse des erreurs... Et pourtant, son rôle de petite fille modèle lui collait tant à la peau que cela l'empêchait de vivre comme elle l'entendait. L'homme lui reprochait même de penser ainsi, ce qui la faisait glousser un petit coup avant de tourner la tête pour regarder vers le cimetière. C'est la main de Raesthra se posant sur son épaule qui ramenait l'attention de Saxa jusqu'à lui. La jeune fille le regardait alors qu'il poursuivait en expliquant comment il voyait la chose, mais surtout comment Hanako le voyait. Cette femme avait toujours été d'une grande sagesse... Malgré ce que beaucoup ici pensaient.
Il lui expliquait que la véritable leçon que l'on tire de nos malheurs ou nos bonheurs, sont ceux que l'on choisit... Une bonne ou une mauvaise expérience... Quel genre d'expérience était Ikta ? La jeune femme baissait les yeux en réfléchissant, les paroles de Raesthra faisaient de l'écho alors qu'il poursuivait. Leur rencontre avait su bon... Sans lui, qui sait ce qui aurait peu ce passer avec ces bandits... Ensuite, mentir et sortir furtivement pour le rejoindre en pleine nuit... C'était mal, pourtant, elle devait le faire, c'était plus fort qu'elle. Lorsqu'ils étaient ensemble, c'était comme si Saxa devenait une toute autre personne et elle aimait cette personne. C'est sûrement de ça que raesthra essayait de parler... Peut-être que cette expérience lui avait permis de découvrir cette facette cachée derrière ce personnage parfait qu'ils avaient créés.
L'adolescente fronçait les sourcils. « Qu'est-ce que je ferais si nos chemins viendraient à se recroiser ? » La première image qui lui venait en tête, c'était son beau visage... L'ombre d'un sourire, son regard envoûtant... Puis sa main qui venait claquer la joue si fort qu'elle lui ferait tourner la tête... La marque rouge sur sa joue montrant la forme de chacun de ses doigts... La rancune, ça ce n'était un secret pour personne, Saxa était très rancunière et orgueilleuse. Il l'avait blessé et elle ne lui pardonnerait pas... Pas sans une explication qui lui conviendrait. Raesthra le regardait toujours avec ce petit sourire rassurant qui lui ramenait le sien. Ses paroles la faisaient réfléchir et disons... Que c'était ce dont elle avait besoin, une opinion extérieure aidait toujours à y voir plus claire.
Il enchaînait ensuite sur ce qu'avait ressentit sa femme en quittant son clan. De la tristesse bien évidemment... Il fallait dire qu'après son départ, la plus parts des membres du clan ne voyait pas sa trahison d'un très bon œil et normalement, Saxa aurait dûe faire de même qu'eux, mais Hanako était bien plus qu'une simple amie, peut-être même la seule figure maternelle ou ce qui s'en rapprochait depuis la disparition de sa mère... Son père a toujours été là et il l'aime... Mais ce n'est pas l'amour d'une mère... C'était quelque chose qui lui manquait et peut-être que si elle était restée, Saxa serait différente... Disons qu'en général... L'adolescente ne se faisait pas vraiment d'ami et qu'on n'apprécie pas vraiment son caractère... Stricte et autoritaire comme son père et hautaine comme tout Hougyoku sait l'être... Sauf Hanako... Elle n'avait jamais été comme eux... Surtout pour son idéal utopie comme le mentionnait Raesthra avant de lever les yeux au ciel... « Un rêve surréaliste qui ne verra probablement jamais le jour. » Saxa regardait le vide un instant en réfléchissant.
_Je n'en doute pas un instant... Lui répondait la kunoïchi se référant au fait qu'Hanako parlait d'eux dès qu'elle en avait l'occasion.
_Si son nom n'était pas aussi tabou ici... Je ferais sans doute comme elle. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, Hanako est une femme honorable. Un petit sourire venait étirer ses lèvres une nouvelle fois lorsqu'elle relevait la tête vers Raesthra.
_Tout comme toi. Je crois que pour moi, vous êtes l'image du couple idéale... Un petit gloussement se faisait entendre avant que Saxa ne reprenne la parole.
_De ce que je me souviens, je ne peux pas dire que la relation qu'avait mes parents étaient la plus épanouie, même que je doute qu'ils s'aimaient vraiment... Tout ce qu'ils avaient en commun, c'était leur devoir et moi... Alors que vous... C'est de l'amour tout simplement. Ajoutait-elle avant de regarder l'horizon en soupirant longuement en pensant à son jeune temps lorsque sa mère était toujours-là... Elle et père se chamaillaient pour tout et pour rien... Ils ne s'étaient jamais embrassés devant elle ou même échanger un regard amoureux... En fait... C'était juste triste... Saxa se demandait alors si c'était le genre d'avenir que Kanato lui réservait... Enfin, celle-ci revenait aux derniers mots que lui avait dit Raesthra.
_Et pourquoi ce rêve ne verra jamais le jour ? Je sais que c'est vraiment quelque chose de grand, mais avec le temps je suis sûre que vous y arriverez, vous y mettez tant d'énergie, un jour tout ce que vous faites changeront les choses j'en suis sûre. Et si je le pouvais, je vous aiderais aussi.
Tsuchi - Hiver, an 148 Une vingtaine de jours s’étaient écoulés depuis sa mort…
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses. » C’était ce que mon maître disait souvent à l’époque et, d’une certaine façon, il avait entièrement raison. Cependant, ce n’était pas toujours évident de le reconnaître et de l’accepter puisque, pour y parvenir, cela impliquait de prendre du recul, d’observer et de considérer sa vie en tant que spectateur. Seulement, lorsque l’on y parvenait, on avait tout à gagner, car la souffrance n’était plus souffrance et le malheur n’était plus malheur, tout ne devenait plus qu’enseignement pour avancer et ne jamais fléchir.
C’était plus ou moins ce que je cherchais à transmettre à Saxa pour l’aider à chasser ses doutes et à utiliser sa souffrance à son avantage. Cela semblait à première vue fonctionner, tout du moins cela avait l’air de la faire cogiter, ce qui n’était déjà pas mal.
Evidemment, je savais que cela ne sera pas efficace très longtemps, notamment compte tenu des circonstances, car rien de ce que je pourrais lui dire ne pourra atténuer ou lui faire digérer ce que je comptais lui annoncer dans quelques instants. Quelque chose que je n’avais en réalité moi-même pas encore vraiment digérer. Je me posais aussi beaucoup de questions, dont certaines qui ne trouveraient probablement jamais de réponse. Mais évidemment il suffit d’y songer pour que je me retrouve plongé dans les méandres de mes pensées, oubliant presque je me retrouvais en compagnie de Saxa. Heureusement, sa douce voix était là pour m’extirper de mes pensées et me rappeler l’importance de ma présence. Un mince sourire se dessina finalement sur mes lèvres lorsqu’elle se mit à parler de Hanako et de nous considérer comme le couple idéal.
Vrai ou non, je ne pourrais le dire. Mais s’il y avait bien une chose dont je pouvais être sûr c’était que sans Hanako je serais probablement perdu. Elle m’avait donné et enseigné bien des choses, dont l’amour et la foi. Notre rencontre m’avait clairement transformé, et on pouvait en dire autant des autres membres de notre équipe, qui avaient aussi appris beaucoup de choses à ses côtés.
Aussi, en écoutant Saxa, je me disais que si elle nous avait suivi ou qu’Hanako ne lui fut pas arraché, elle aurait pu grandir et s’épanouir dans un environnement sain et plein d’amour. Cependant, si l’on regardait ce qu’elle était devenue sans la présence de son ainée, on pouvait clairement dire qu’elle s’en était plutôt pas mal sortie et qu’elle pouvait être fière d’elle, car ce n'était pas gagné si l'on se fiait à la relation de ses parents.
« … Je trouve cela triste. Mais tu sais quoi ? Tu dois t’en servir pour vivre ce qu’ils n’ont pas vécu, faire ce qu’ils ont été incapable de faire, et montrer aux tiens qu’être un shinobi n’est pas une fatalité. Les shinobis ont aussi le droit au bonheur et ils ne doivent pas s’en priver à cause de normes contraignantes et dépassées, édictées par leurs ancêtres. » Finis-je par glisser, en tournant la tête vers Saxa.
D’autres devaient probablement vivre ce que ses parents avaient vécus. Et si c’était le cas, elle pouvait se donner pour objectif de changer les mentalités des siens, elle qui avait visiblement conscience des problématiques inhérentes à son clan. Elle pouvait le faire, pour cela il ne lui fallait que deux choses : avoir l’envie et prendre la tête de son clan !
En ce qui concernait le rêve d’Hanako, je ne doutais pas une seconde qu’elle nous aurait aidé, si elle le pouvait. Seulement, elle ne se doutait pas que son aînée n’était plus… Je projetais naturellement mon regard vers l’horizon, songeant pendant quelques secondes, avant de décoller mon postérieur du banc.
« … Saxa. » Fis-je, dans un premier temps. « … Malheureusement, Hanako n’est plus… C’est la raison pour laquelle je me tiens ici, devant toi, sans elle, pour la première fois... » Ajoutai-je, alors que mon visage s’assombrissait naturellement.
Le dire à haute voix c’était me le rappeler, prendre conscience de cette vérité si difficile à admettre.
« … Je ne savais pas trop comment te l'annoncer, je suis désolé. » Conclus-je, alors que les événements qui avaient provoqué cela se défilaient dans ma tête.
Être un shinobi... En fait, Saxa ne s'était jamais réellement posée la question à savoir ce que ça représente pour elle être une kunoïchi. Qu'est-ce que c'est qu'un shinobi si ce n'est quelqu'un qui possède du chakra et qui a un devoir à accomplir. Pour l'adolescente, naître et êter en mesure d'utiliser son chakra vient avec une grande responsabilité, ils sont destinés à protéger les plus faibles, mais aussi les intérêts de leur chef. Pour certains shinobis du Yuukans, il choisit des villages ninjas... Pour d'autres comme Saxa, du Daimyo ou de son chef de clan. En fait, le devoir d'un shinobi est d'obéir, autrement ils deviennent des criminels et son pourchassés par d'autres ninjas, entre autre ce qui amena la création d'Arashi, pour tenter de contenir le chaos et l'ombre d'une paix entre les Pays... Qu'était le rôle de Saxa dans tout ça, après tout, elle n'était qu'une goutte d'eau dans l'océan... Mais à ce qu'on dit, même le battement d'aile d'un papillon pouvait tout changer,, Pourquoi se battait-elle ?
Raesthra avait raison... Saxa se conformait à la norme imposée par Kanato et le Daimyo, elle obéissait sans se plaindre ou se poser de question, mais dans quel but ? En tant qu'héritière du clan Hougyoku, une parti de son destin était déjà tracé et ce n'était un secret pour personne, seulement le destin de chaque femme qui peut avoir son rôle à jouer dans des décisions politiques. Mais pour la première fois de sa vie, on lui faisait penser à ce qu'elle voulait vraiment et est-ce que Saxa voulait vraiment de cet avenir ? N'être qu'une vulgaire monnaie d'échange pour une alliance ? La jeune femme baissait la tête, il avait raison, c'était triste... Vivre de la même façon que ses parents, de ce point de vue, il était plus facile d'imaginer ce qui avait pu pousser sa mère à l'abandonner pour fuir avec un autre homme... L'adolescente soupirait. « Qu'est-ce que je veux ? » Se demandait l'Hougyoku.
Elle s'était souvent posée cette question... Quel genre de vêtement porterait-elle ou bien, quel repas manger, etc. Mais rien d'aussi personnel ou insignifiant comme lui dirait sans doute Kanato... Car espérer avoir le choix, ce ne serait que vulgaire fabulation... Hanako l'avait comprit et en retour tous la voyaient comme une traîtresse. Pour vivre dans ce monde ils avaient tous un rôle à respecter, tu es le joueur ou tu es une pièce de l'échiquier... C'est ainsi que tourne le monde et cela peut importe d'où l'on vient. Tellement occupée à réfléchir sur ce que Raesthra lui avait dit, la demoiselle sursautait presque quand il l'appelait par son nom. Saxa relevait la tête pour le regarder. Il avait l'air anéantit, ce qui amenait la kunoïchi à froncer les sourcils, elle avait un mauvais présentement tant qu'à la suite des choses.
''Hanako n'est plus'' Ses yeux s'arrondissaient, ses oreilles se mirent à bourdonner. Sa respiration s'était coupée. Les lèvres de Raesthra bougeaient, mais elle n'entendait plus rien. Plus ses lèvres bougeaient, plus il avait l'air triste... Puis Saxa n'arrivait plus à y voir claire, les larmes montaient et lui chauffaient les yeux. Saxa se relevait et regardait par terre silencieuse. La tête baissée, elle fermait les yeux, des larmes perlaient de long de ses joues et elle serrait les poings avec les mains tremblantes. Comme un écho, l'adolescente pouvait entendre Raesthra s'excuser, mais pour l'heure ce mot ne voulait rien dire pour elle... Hanako était morte... Comment un mot pouvait le faire pardonner. Devant l'homme qu'elle voyait comme son oncle, la demoiselle faisait de son mieux pour ravaler ses sanglot et un claquement résonnait dans le cimetière. Elle venait de gifler Raesthra.
_Comment... Arrivait-elle à dire en serrant les dents. Elle tournait la tête sur le côté et essayait de ne pas hurler de douleur et de colère. La jeune femme se retournait vers lui pour le regarder.
_Comment as-tu laisser une telle chose arriver ! Où étais-tu ! Lui demandait-elle presqu'en criant.
_OÙ ÉTAIS-TU !? Sa mâchoire tremblait, elle n'arrivait plus à la retenir en serrant les dents. On pouvait facilement voir qu'elle était en colère, mais surtout que ce qui restait de son cœur brisé venait de tomber en morceaux. Ses épaules bougeaient alors qu'elle essayait de tout garder en elle, quelques soupirs alors qu'elle respirait se faisaient entendre... Malgré les évidences, Saxa essayait même de nier cette vérité, elle n'était pas prête à affronter ça... Pas prête à se retrouver seule... Sakuya... Sa mère... Ikta... Maintenant Hanako. L'adolescente secouait violemment la tête.
_Pourquoi... Pourquoi tout ce que j'aime finit TOUJOURS PAR ME QUITTER !? Saxa amenait ses mains dans ses cheveux et les tirait, elle tremblait de tout son être en tentant de se contenir, mais malgré ses dents bien serrées, elle n'arrivait plus à retenir ses gémissements.
Tsuchi - Hiver, an 148 Une vingtaine de jours s’étaient écoulés depuis sa mort…
Saxa semblait réfléchir. Oui, elle cogitait, visiblement beaucoup. J’espérais que mes mots n’allaient pas la faire tout remettre en question, mais qu’ils l’aideraient simplement à y voir plus clair, à relativiser ce qu’il lui fallait relativiser. J’espérais qu’ils allaient lui faire relever la tête, qu’ils lui redonneraient l’énergie et la force nécessaire pour avancer malgré les difficultés qu’elle connaissait. Tout ce que je souhaitais ce qu’elle trouve et accomplisse sa destinée. Seulement, les choses ne pouvaient se passer ainsi, non, surtout pas après ce que je venais de lui dire : « Hanako n’est plus ».
Le dire me fit prendre conscience de la réalité. Non, en vérité c’était mon corps qui prenait conscience de cette réalité, réagissant par conséquence à cela sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. Pour une fois, j’étais vulnérable face à mes émotions. Elles ne m’obéissaient plus. Mon cœur se serrait, tandis que les souvenirs se défilaient sous mon regard sombre, affichant à la fois tristesse et colère.
C’était à ce moment que Saxa eut la force de se lever pour me gifler, me délivrant ainsi de ces flashs douloureux qui m’avaient fait prisonnier. Je réalisai alors les conséquences de cette nouvelle sur la Hougyoku, elle en était dévastée. Avais-je bien fait de lui dire ? Je me posais la question, plusieurs fois. « Elle devait le savoir. Tu aurais probablement dû aller droit au but dès le début, mais dans tous les cas, tu devais le lui dire, Rae. Oui, tu devais le lui dire. » Me soufflait une petite voix interne, tandis que Saxa cherchait à savoir comment une telle chose avait pu arriver. Sa question me replongeait naturellement dans l’événement. Je me revoyais apprendre la nouvelle de son imminente exécution. Le choc, la précipitation, puis l’ouverture des portails qui m’avaient conduit à son lieu d’exécution. Enfin, à court d’énergie, notamment à cause de tous les efforts que m’avaient demandé ces foutus portails, je la voyais se faire exécuter sous mes yeux, impuissant. Que c’est douloureux, mon corps manquait de peu de tomber pour échapper à cette réalité, mais je trouvais la force de rester débout, droit comme i.
« … J’étais à l’autre bout du monde, sur une mauvaise piste... » Finis-je par glisser, incapable de la regarder droit dans les yeux. « … Je sais que cette nouvelle tombe au mauvais moment, mais tu devais le savoir, elle aurait voulu que tu le saches. » Ajoutai-je, en reportant difficilement mon regard sur elle.
Evidemment, je tentais de contenir ma colère envers moi-même, de dissimuler mes émotions, chose que probablement n’importe qui remarquaient en me regardant droit dans les yeux.
« … Je sais que c’est difficile à admettre, mais c’est une réalité qu’il nous faut accepter. Tu dois à apprendre à faire avec, tu dois avancer, oui tu dois avancer, Saxa, car tu es désormais la seule à pouvoir accomplir son rêve. Je suis persuadé qu’elle te suit de là où elle est, qu’elle veillera en permanence sur toi et sera fière de te voir réussir là où elle a échoué. » Enchaînai-je, en déposant ma main sur son épaule.
Des belles paroles, oui juste de belles paroles, qui me faisait limite paraître pas tellement affecté, mais dans tous les cas c’était tout ce que je pouvais lui offrir en cet instant précis. C'était tout ce que je savais faire dans ce genre de contexte. Je ne savais pas forcément comment elle réagirait ni si elle tolérera ma présence dorénavant, mais j’estimai avoir accompli mon devoir envers elle. Quoique peut-être un peu trop facile, sachant que j'étais en partie responsable de tout ça. Fin tout de l'angle sous laquelle on analysait les choses... Dans tous les cas, il me fallait maintenant vivre avec sa mort et la dissolution de mon équipe. Autant dire que je n’allais être plus rien d'autre qu’un corps sans vie… Pour combien de temps ? Seule l’avenir nous le dira.