Ça faisait maintenant quelques jours que l’on venait d’officiellement ouvrir les locaux. Ça avait de la gueule. Les lieux étaient propres, accueillant mais sans pour autant inspirer un sentiment chaleureux. Tout était assez neutre en réalité, à l’image du monde de l’entreprise. Puis mettre trop de « bling bling » qui était tape à l’œil, c’était un coup à se faire cambrioler !
Ce jour-là j’épluchais un peu les quelques annonces que j’avais reçues de mes contacts et autres marchands de la cité. Je pris soin de nous garder les boulots réellements importants. Quant aux restes, elles iraient sur le tableau d’affichage présent dans la salle d’attente. Il y avait du bon à être un intermédiaire également.
La sélection fut finalement faite et je posais le tout sur mon genou avant de venir tendre la main, réunissant quelques feuilles sur le rouleau de papier toilette avant de les arracher.
« Y a quand même pas mal de boulot de merde pour les indépendants. Enfin bon, on a tous commencé comme ça. »
Je me fis la réflexion suivante tout en me torchant avant de finalement jeter le tout dans la cuvette. Je pris les annonces dans les mains tout en me redressant avant de me retourner pour jeter un œil à mon œuvre. Au vu de la gueule que ça avait, mon transit allait plutôt bien. Je venais alors sourire, satisfait, avant de tirer la chasse. Rabattant l’abattant, je déposai mes documents dessus avant de remonter mon pantalon, bouclant ma ceinture.
Je venais alors soupirer d’aisance, reprenant les documents et les posant non loin de l’évier. Un lavage de mains illico presto et j’étais finalement dans la salle d’attente, prêt à afficher mes annonces.
Mon regard se posa sur le trentenaire assit dans un des fauteuils. Il avait une tasse de thé fumante devant lui, visiblement madame Hudsa avait dû passer par là. Quelle dégaine ce garçon, avec sa veste en cuir. Je n’arrivais pas à dire s’il était charismatique ou juste en retard de trente ans. Non parce qu’il fallait le dire, sa veste-là je l’aurais bien porté moi, quand j’avais vingt ans.
Je finissais de rapidement accrocher les annonces avant d’aller à sa rencontre, tendant ma main droite.
« Bonjour. Nishimura Ishiyato. On avait rendez-vous ? »
Vu sa gueule, il n’était pas là pour déposer une requête et non, nous n’avions pas rendez-vous. Je n’avais pas un seul rendez-vous ce matin-là À dire vrai, j’avais même prévu de passer la mâtiné à dormir dans mon bureau et à tailler mes crayons. Enfin… Quittes à se toucher la nouille, autant que cela soit un minimum productif.
Dernière édition par Nishimura Ishiyato le Mar 16 Mar - 17:17, édité 1 fois
Yojuro est plutôt satisfait de mon dernier taff à Kusa. J'avais réglé son compte à la bande d'Habigel de manière très profressionnelle selon lui. C'est pour cette raison qu'il m'a conseillé d'aller jeter un oeil à la Compagnie du Chien Rugissant, comme quoi je pourrais me faire un sacré paquet de tune sur des contrats d'avenir. Maintenant que je suis ici, je réalise simplement qu'il cherchait sans doute à se débarrasser de moi.
Une agence de recouvrement. Sérieusement ?
Ça à l'air beaucoup trop petit et propre pour agir de manière illégale. Enfin, puisque je suis ici et que cette foutue ville mobile n'est pas prête de faire une halte, autant en profiter pour m'intéresser au coin.
J'entre dans la baraque, une mamie m'attend à l'accueil. Fort aimable. Cela me donne envie de lui éclater la tête contre le plan de travail. Je remarque toutefois le manche d'un cran d'arrêt dépasser du pot de stylo sur son bureau et décide de me contenter d'accepter sa tasse de thé avant de m'installer dans la salle d'attente.
La boisson chaude finit de me réveiller dans une ambiance pour le moins morne, le silence n'étant entrecoupé que par les griffonnements de la vieille sur le papier et les cliquetis cyclique de l'horloge pendu au mur juste au-dessus de ma tête.
Il n'est pas encore onze heure du matin et j'ai déjà envie de tout brûler.
Par chance pour cette bicoque voilée sur roue, ce qui semble être le responsable des lieux arrive. Comment je le sais ? Parce qu'il porte une cravate. Tous les gens important portent des cravates.
Il se présente. Un certain Ishiyato qui me tend la main. Je me lève et lui renvoie sa salutation en prenant soin d'ajouter quelques kilos de pression par centimètre carré à ma poigne. Rien de bien méchant. Mais je sais d'expérience qu'il est toujours bon d'informer l'interlocuteur que j'ai en face qu'il m'est possible de lui enfoncer la tête dans le cul, au sens littéral.
Généralement, ça aide pour les négocations.
- Yorha Jorel, enchanté de même. C'est vous le boss du coin ? Je suis... un nettoyeur, envoyé par Yojuro, dis-je en regardant autour de moi.
Le remarque qu'il m'adresse n'est pas des plus commodes. Je réalise ma connerie en m'esclaffant.
- Ho ! Non je suis pas venu vous liquider, vous inquiétez pas boss. Il m'envoie parce que vous pourriez avoir du taff pour moi. À ce qu'il parait, j'ai une bonne gueule de recrouvreur de dette, repris-je dans un sourire afin de dévoiler mes crocs.
Je remarque toute fois que quelques choses cloches.
Le bruit, c'est cela. L'horloge tourne toujours, mais je n'entends plus le bruit de griffonnement sur le papier. Je risque un regard en direction du bureau d'accueil. La vieille est toujours là. Elle m'observe derrière ses lunettés argenté en demi-lune, l'air sévère. Un horrible frisson me parcourt l'échine et je sens mon sang se glacer.
Humm… Il avait de la poigne ce con ! C’était typiquement le genre qui me plaisait ! Malheureusement je déchantai assez rapidement en voyant ses dents. Il devait avoir des problèmes de drogues…. Putain de saloperie.
Au bout d’un moment quelque chose me glaça le sang. Je ressentis un frissonnement, une impression macabre. Cela n’avait rien avoir avec les mots du drogué en face de moi, non. C’était autre chose…
Madame Hudsa…
Je coulais un regard vers cette dernière avant de ravaler ma salive et de faire un gentil signe de la même tout en me forçant à sourire. Elle me répondit d’un geste similaire en souriant également et cette tension palpable s’évapora. Je reposais alors mon regard vers ce Jorel, murmurant doucement.
« Je n’ai pas vraiment compris ce que vous avez fait où du moins ce que vous vouliez faire mais vous allez m’arrêter ces conneries, vu ? Je ne veux pas voir cette bonne femme en rogne. »
À la suite d’un bref échange de regard, je venais reposer mes yeux sur ma logeuse.
« Nous allons dans mon bureau. »
Elle me gratifia d’un sourire en coin. Nous allâmes alors dans mon bureau. Une fois dedans je fis un rapide signe au drogué de s’asseoir tandis que je faisais le tour du meuble pour venir moi-même prendre place.
« Je n’arrive pas à déterminer si j’ai pris une bonne ou une mauvaise décision en lui donnant ce poste de secrétaire. Elle me faisait de la peine à ne rien faire de ses journées. Enfin... »
Je prenais mes aises dans mon fauteuil avant de détailler un peu plus mon interlocuteur. Il était donc envoyer par Yojuro. Yojuro…
« Yojuro… ? Le manchot ? »
Un petit truand qui alternait entre la capitale et la frontière. On avait réglé un litige pour lui mais ça s’arrêtait là. Reste à savoir pourquoi il me l’envoyait. Mon avis qu’il avait dû lui causer du tort.
« Vous savez, on est dans un pays qui n’hésite pas avec la peine de mort. J’éviterais à votre place les mots comme « nettoyeur ». Et n’essayez pas de faire croire à qui que ce soit que votre truc, c’est le balai. »
Je venais alors soupirer avant de reposer mon regard sur lui.
« On ne fait pas que dans le recouvrement de dette. Notre secteur d’activité englobe toute sorte de prestations, du moment que ces dernières sont légales. »
Je venais alors sortir de quoi prendre des notes.
« Vous avez un certain type de capacité ? De l’expérience ? Des lettres de recommandation peut être ? »
Un signe de tension palpable dans l’air est annonciateur d’un potentiel grand danger. Je ne suis pas à l’aise.
Vraiment pas.
Ce qui semble être également le cas pour mon hôte. Rapidement, il me conduit dans son bureau. Une pièce pas bien grande dans laquelle nous nous retrouvons isolés. Nous nous asseyons chacun notre tour et ce n’est qu’après une poignée de secondes interminable que l’on se permet enfin de souffler. Oui, je réalise avoir retenu ma respiration pendant toute la manœuvre.
- Je s’aurais pas dire si vous avez pris une bonne ou une mauvaise. Tout ce que je peux dire, c’est que vous avez pris une sacrée décision.
Et ce quel qu’en soit le prix.
« Yojuro… ? Le manchot ? »
- Non, vous devez confondre avec le Yojuro d’Ame. Là, je vous parle de celui de Kusa. Yojuro le prolo. Une belle et étrange coalition.
- Le balai ?
Brève hésitation. Deux belles secondes s’écoulent avant que je ne réagisse en me tapant la jambe.
- Ho ! Je viens de comprendre. C’était plutôt drôle. Vous avez de l’humour boss, c’est plutôt rare dans ce genre de secteur.
Il m’explique ensuite en quoi consiste son agence.
- Travailler légalement, répété-je en me grattant le menton.
Le cadre de la légalité est un concept assez contextuel. Il dépend surtout du pays dans lequel on se trouve. Dans ce cas précis, j’imagine que travailler « légalement » signifie avoir simplement la loi de son côté.
Et ne pas tuer aveuglément tous ceux qui m’emmerdent.
- Ça peut être intéressant. Cette idée de me plaît bien ! dis-je en montrant les crocs dans un grand sourire.
Viens enfin le moment fatidique. Celui de me mettre en avant pour ce poste, chose à laquelle je ne suis pas vraiment habitué. Habituellement, ma tronche suffit en guise de lettre de recommandation.
- Alors… heu… hésité-je.
Souvent, il faut présenter cinq qualités.
- Je suis du genre à terminer tout ce que j’entreprends, dis-je en soulevant un premier index à l’aide de celui de mon autre main.
***
- NON ! PITIÉ ! JE NE RECOMMENCERAIS PLUS, C’EST PROMIS ! - Ha ça pour le coup, je peux pas vraiment te donner tort.
Accroupie, torse-nu en raison de la chaleur, je jette ma cigarette dans la marre de pétrole en ébullition. Elle est juste en dessous du mec pendu par les pieds.
Je défais lentement la corde de manière à ne plonger que sa tête dans l’épais liquide bouillant.
***
- On dit de moi que je suis quelqu’un de très persuasif… poursuis-je en utilisant cette fois-ci l’index de ma main pour relever le pouce de l’autre.
***
- Tu peux toujours crever. Je balancerai personne ! - Je me demande, ça ferait quoi si je branche ce câble de batterie sur t’es couilles ?
***
- On dirait pas comme ça, mais je suis plutôt doué pour motiver les troupes, continué-je en levant en plus mon majeur.
***
- Je sais que c’est rude mon petit. Mais t’auras beau gueuler, ça fera pas repousser ta jambe. Donc je te conseille de te bouger avant que les chiens arrivent.
***
- Quand la situation l’exige, je peux agir de manière très propre et très pro, même si je reconnais que des fois, il m’arrive d’être un peu de m’y perdre, dis-je en levant l’annuaire.
***
Je finis de tout rassembler dans un sac, puis je réalise que je sais plus où j’ai rangé la tête.
***
- Et pour finir, j’ai pour principe de toujours vérifier que le type est bien mo… heu… que le travail est bien terminé en vérifiant par deux fois. Je sais pas si vous connaissez. Dans le métier, on appelle ça la double dose, conclus-je dans un sourire franc tout en présentant ma main avec mes cinq doigts levés.
***
C’est à bout de souffle que j’envoie Nathanaël, ma batte de baise-balle préférée, éclater le crâne de l’autre type. Le mouvement de sa chute sur le sol est accompagné d’un splendide jet de cervelle et d’os. Mais ça ne suffit pas. Je suis encore en rogne. Ce mec m’a vraiment saoulé.
De frustration, je lui administre un second coup, puis un troisième…
- T’as pas de fric ? Hein ? C’est ça CONNARD ? T’inquiètes pas mon bro ! Ça-C’est-Gra-tuit !!!
Chaque syllabe est ponctuée d’une frappe plus frénétique. Je continue ainsi, jusqu’à finir par réduire toute la partie supérieure de son corps en bouillie.
C’est finalement soulagé, et couvert de sang la tête au pied, que je contemple le résultat de mon œuvre.
Au moins, le corps sera difficile à identifier…
Dernière édition par Yorha Jorel le Lun 22 Fév - 13:29, édité 1 fois
Je venais hocher la tête tout en écoutant mon interlocuteur qui était en train de se vendre. J’avais pris soin de sortir de quoi noter les informations importantes. Mon poignet agitait le stylo tandis que le candidat continuait de parler, les étoiles pleins les yeux.
Douze œufs, une bouteille de lait, quelques légumes. Est-ce qu’il restait du papier toilette ?
Ma liste de course faite, je venais reposer mon stylo. Heureusement pour moi, mon interlocuteur termina à peu près au même moment que moi.
« Écoutez mon petit, vous avez de la fougue et vous en voulez, ça me plaît. Après il faut garder en tête que ce boulot, il n’est pas forcément de tout repos. J’aurais toutefois quelques questions à vous poser d’ordre beaucoup plus personnel. »
Je venais alors sortir un dossier de mon bureau. Ce dernier renfermait les principaux éléments en lien avec le recrutement. Je l’ouvris et commença à le feuilleter.
« N’êtes-vous pas trop jeune pour… Non c’est pas là. Ah je l’ai ! »
Je relevai mon regard vers lui, hochant la tête.
« Vous vous situez où politiquement parlant ? »
Ce que je veux savoir, espèce de petit blouson noir à la con, c’est si tu vas polluer mes gars avec tes idées révolutionnaires et ton syndicalisme !
Il prit soin de me répondre, aussi j’enchaînai de sorte à ne pas perdre le rythme.
« Vous habitez loin d’ici ? Le déplacement vous fait peur ? »
Il y avait pas mal de questions foireuses dans mon dossier, aussi j’essayais de poser les plus pertinentes.
« Vous vous voyez où dans cinq ans ? »
Il sera sans doute mort ou sans emplois.
« Qu’avez-vous comme prétention salariale ? »
Je le gratifiais alors d’un large sourire. Je comptais bien le bouffer celui-là.
Je suis plutôt content de moi. Ce n’est pas toujours facile de se vendre, mais je pense y être parvenu avec brio.
Le vieux à même l’air impressionné.
- Po.. quoi ? commencé-je à dire tout en fronçant les sourcils.
Je me sens un peu con sur le coup. Pour sûr, je n’étais pas préparé à cela.
- Ho, vous savez ce qu’on dit ? Demander poliment quelque chose à quelqu’un tout en lui brisant les rotules, c’est toujours mieux que de lui briser les rotules sans rien lui demander en retour.
Une des grandes qualités que se doit d’avoir tout bon mercenaire qui se respecte est de savoir s’adapter quand la situation l’exige. Seulement cette fois-ci, je réalise que j’ai confondu le mot « politique » avec le mot « politesse ».
Avec un peu de chance, cela devrait tout de même passer sur un malentendu.
- Au cas ou vous l’auriez pas compris boss, je suis un net… un redresseur de torts itinérant. Je vais là où les contrats me portent. Donc si vous voulez bien de moi dans votre boîte, il faudrait envisager de me trouver un coin au crécher. Vous inquiétez pas, je suis pas du genre exigeant, mais j’attends juste un minimum de tranquillité.
L’idée d’avoir mon propre toit m’est étrangère. Peut-être est-ce pour moi le début d’une nouvelle carrière pleine d’avenir ?
Puis si cela finit par me gonfler, je pourrais toujours refiler la tête du boss en offrande à l’Éternel et mettre le feu au reste.
- Ho ! Et est-ce vous faites des tickets resto ? dis-je en tapant du flanc de mon poing dans ma paume à plat, soudainement pris d’une illumination. – Les boîtes proposent généralement ce genre de truc à leurs employés. C’est pour la bouffe.
Vient ensuite le moment cool, le moment de parler pognon. Je réponds à son sourire par un autre sourire, en plus pointu.
- Cinq Karma par mois pour inclure un service de garde du corps, sans compter les primes. Soit, un par mission supplémentaire et deux pour les contrats un peu tendus.
Les notions monétaires ainsi que toutes ces choses du genre, c’est vachement abstrait dans le coin. Y’a pas grand monde qui y comprend grand-chose. C’est pour cette raison qu’entre durs, on a pris l’habitude d’utiliser nos propres valeurs.
C’était quoi ce clown… ? Il était complètement allumé et voilà qui me parlait de karma… Je créais mon propre karma moi mais à grand coup de ryos ! Ceci dit les allumés c’étaient ce que je voulais à l’heure actuelle et le fait que ce soit un vagabond allait grandement m’aider à négocier.
« T’as le profil fiston, c’est bien. Mais laisses moi t’expliquer comment ça marche... »
Et voilà, je me trouvais dès à présent dans l’arène face à un être n’ayant jamais combattu de sa vie. Ça allait être une vraie boucherie.
« Les clients me contactent pour des boulots. J’encaisse un acompte. Toi, tu es alors mandaté pour régler le boulot, tu touches le gros de la récompense et l’entreprise touche un part. Je joue un peu le rôle d’intermédiaire sauf que moi, c’est des boulots un peu plus important que le crétin de base que tu as pu croiser dans tes bas fonds. »
J’avais posé mes deux mains sur la table tout en disant ça. Je me devais d’user de mots clairs pour que son petit cerveau puisse comprendre où je voulais en venir.
« Il se trouve que nous évoluons dans un secteur en plein essor où la compétitivité est féroce. Ce qui fait que plus que l’argent, c’est la réputation que nous obtenons à chaque contrat. Donc tu ne vas pas pouvoir massacrer qui tu veux garçon, tu comprends ? »
Je venais hausser un sourcil, cherchant à savoir si ce crétin me suivait toujours.
« Cette réputation, elle nous permet d’avoir des clients un peu plus important que la plupart des types pour qui tu as dû bosser. Ce qui fait que la réputation donne tout un tas de chose. Plus de réputation : plus de pognon, plus de prime et plus une putain de Morlex énorme ! »
Je venais alors faire de grand geste dans le vide pour appuyer mon propos. Un léger silence s’installa entre nous avant que je ne sorte un flot de document de mon bureau ainsi qu’un stylo que je lui tendis.
« Il te sera possible de loger dans les dortoirs qui sont présent dans nos locaux. Bien entendu cela entraînera une retenue sur salaire, je ne suis pas ta mère. Pour la bouffe, tu pourras toucher à ce qui y a dans la cuisine, mais encore une fois, une retenue sur salaire si tu me vides mes placards. »
Je venais alors désigner certains documents du doigt.
« Tu dois signer tout ceci. Ce papier stipule que tu renonces à toutes poursuites judiciaires contre nous si tu viens à te blesser durant l’exercice de tes fonctions. Celui la signale que tes proches ne pourront pas nous faire de procès si tu décèdes dans l'exercice de tes fonctions. Celui la, c'est la mise à l’essai. Celui-ci c'est une clause de confidentialité et enfin celui-là, c'est le service « et après ? » qui est optionnel. En gros si tu signes ce dernier papier, l’entreprise ponctionnera une partie de tes primes pour te former une cagnotte. En cas d’accident, tu pourras taxer dedans pour tes frais médicaux et si tu décèdes, on reversera à un proche désigné par tes souhaits l’intégralité de cette cagnotte. C’est important de penser à la famille. »
Je le laissais à nouveau réfléchir à tout ceci. Un perdant comme lui, ça ne devait pas avoir de famille. J'espérais secrètement qu'il signe la dernière clause, que je puisse me gaver comme jamais.
Je l'écoute déblatérer ses histoires de contrats en fronçant les sourcils. Il était question de réputation, d'assurance santé, de renoncer à toute poursuite judiciaire. Dans quel monde vit-il ? Si cette agence venait un jour à me lasser, je n'aurais cas y mettre le feu et étriper tous ceux qui s'y trouvent. Nul besoin de procès où de quoique ce soit. Je le rejoins cependant pour ce qui est de la réputation. Dans le milieu, c'est vraiment important. Quant à savoir si je n'ai pas le droit de tuer qui je veux, cela reste encore à prouver.
Il me tend tout un tas de paperasse que je dois signer. Ce n'est pas la première fois que j'en vois, mais c'est assez peu commun. Généralement, lorsque l'on parle d'un contrat, il s'agit davantage d'une façon de parler. L'accord se scelle à travers une poignée de main plutôt qu'une signature.
– Heu... boss, je voudrais pas paraître présomptueux, mais c'est vraiment pas comme ça que ça marche dans le milieu. Enfin, si ça peut vous rassurer, je veux bien signer, dis-je en épluchant la paperasse.
Trente pourcent sur ma prime, cela semble être un chiffre acceptable pour avoir droit à un semblant de stabilité.
– Par contre, j'espère que vous chercherez pas à me l'a faire à l'envers. Vous m'avez l'air plutôt sympa, ça m'embêterait de devoir pour ouvrir en deux pour récupérer la tune, dis-je d'un calme saupoudré de sincérité.
Effectivement, je serais fort agacé dans arriver là. Sentir les os d'un pote se briser sous mes phalanges me fait toujours un petit effet. C'est mon côté timoré. Car, dans le fond, je me suis toujours considéré comme un grand sensible.
– Vous savez, les affaires ce sont les affaires, et comme vous dite : la réputation, c'est important, déclaré-je sans le regarder, tout en commençant à signer un à un les documents.
Je lui tends la copie des documents désormais complétés par une soigneuse signature. Je n'ai pas tenu un stylo depuis un baille, mais je constate que mes cours des calligraphies de la vieille époque sont toujours là.
– Je vous remercie pour cette offre boss, je sens qu'on va bien s'amuser, dis-je en me relevant tout en lui tendant la main, les crocs au clair.
Il me conduit vers la sortie, que je traverse en emportant les documents. Je reviens toutefois toquer à la porte quelques secondes plus tard. J'apparais en laissant seulement dépasser ma tête par entrebâillement.
– Heu... boss... Je crois qu'il y a un problème avec la paperasse, dis-je avant de finalement entrer pour lui tendre une feuille. – Je crois que vous m'avez filé un mauvais doc, conclue-je en déposant une liste de course signée sur son bureau.